Australien, de Melbourne plus précisément, Smarts s’inscrit dans un courant post-punk vigoureux, vitaminé et porteur de sons ludiques, où le saxophone de Stella Rennex amène un certain exotisme. Who Needs Smarts, Anyway? est le premier album de la clique, il rassemble treize titres très courts, punk dans leur vitesse d’exécution. Attention spam déboule à toute berzingue, il place d’emblée le groupe dans une sphère singulière. Son registre est attrayant, Cling Wrap riffe dur et simple tandis que le sax souffle frénétiquement et brode des trames qu’on retient. Le tout me fait à X-Ray Spex, on y trouve le même allant et cette propension à vitrioler les chansons, à leur donner des atours originaux. La cadence, cela va de soi, est uniquement, ou presque, galopante. Mais Smart Phone se modère, tout de même, et fait appel à des encarts surf, voire balkaniques. On note l’idée, louable, qui a de plus le mérite de diversifier le contenu. Cause for alarm, lui, est impossible à suivre. Il va vite, très vite. Don’t Slap The Hand That Feeds You lui succède en s’habillant de traits rockabilly. Il est bon, ce Who needs Smarts,anyway?, et d’une cuvée personnelle. Smart world trace comme un Sleaford Mods, entre rythme sec et instrumental nerveux, dans un premier temps. Ses guitares font preuve d’ardeur, on est à nouveau dans un répertoire speedé mais estimable.
On y jouit, en plus, de motifs sonores à relever (Individuality), l’énergie est omniprésente et inonde le disque. Smart man flirte avec le rock’n’roll, on se rend compte qu’à l’écoute, l’opus en présence n’est pas linéaire. Smarts le dote d’abords d’un bel apport. Smarts theme lorgne vers le blues, leste et griffu. Real estate agent renoue avec une course trépidante, décorée de sons fins et insistants, de riffs sans détours. Le sax y va, comme attendu, de ses éruptions. Billy Gardner (bass, vocals) et ses acolytes convainquent, se montrent tout aussi probants quand ils calment -légèrement et subtilement- le jeu (Time on time). Leur album s’écoutera d’une traite, en se laissant porter par l’efficacité des morceaux recensés. Thinking out loud, le dernier d’entre eux, termine l’effort en répétant ses notes, en incluant des plans vaguement bluesy. Il varie rythmiquement, breake, et démontre un certain panache. Pour finir, c’est pas plus mal: Smarts s’en tire au final sans jamais démériter .
Au contraire, sa personnalité et l’ensemble cohérent qu’il nous sert ici, de belle facture, fait de son premier album une réussite incontestable. On y prend plaisir, dans le même temps on éprouve une sensation de jamais entendu, le genre lié au clan de Melbourne se voulant à part, encore rarement pratiqué. Ca ne fait que renforcer positivement, bien entendu, ce Who needs Smarts,anyway? jubilatoire, énergique et bien orné, qui nous permet aussi la découverte d’un label de choix et confirme la grande valeur des formations australiennes.