Social Station est une paire de Washington, Paul Todd et Jacob Sebastian y officient et leur charrette est déjà pleine, à ras bord ou pas loin, de sorties qui se tiennent. Avec celle-ci, éponyme, les deux hommes de Washington perpétuent leur darkwave qui, si elle peut se parer d’une froideur insondable, recèle aussi une sacrée finesse et quelques traits de chaleur. S’y greffent des atmosphères new-wave, un allant post-punk qui font qu’au final, le rendu tient la route et nous donne l’envie de le suivre. On y décèle, au mitan des autres morceaux, des climats plus clairs (Awfully Pretty). Echo chamber ne laisse guère, de toute façon et en amorce, planer le doute quant à l’attractivité des compositions. Bien cold mais avec des subtilités dans l’ornement, il aide Social Station à planter ses ambiances, soulignées par une chant cold, oui, mais aussi un tantinet crooner. Ready To Rewind, lui, s’avère alerte, entraînant. Motorama n’est pas loin, notamment pour la sensibilité qui colle à ces élans froids. Hesitate en fait étalage, avec mérite, sans tracer ni se montrer mordant à outrance. Son velours vocal, ses basses qui s’adressent au bassin, plaident en sa faveur. Plus loin, Don’t Look Down louche vers Joy Division, dont il égale l’addictive parure cold à laquelle il greffe des guitares acides.
Try (Cross My Heart) lui succède, synthés aériens en décor. Il est vif et au delà de ce fait on prendra note, c’est un bien, de la sobriété des morceaux livrés. Until Today Is Tomorrow en est la preuve, dans le même temps il assied la portée de l’album. Sans faire sa révolution, son disque se réclamant d’un créneau déjà très investi, Social Station confirme ici des aptitudes qui ne sont plus, d’ailleurs, à réellement démontrer. Il continue son bonhomme de chemin, aligne les morceaux valables, et vaut le détour. Le fait d’appartenir à Young and Cold, structure allemande des plus fiables, n’est, en outre, pas anodin. Hands On The Ground allie mélodie et fond ténébreux, notamment dans le chant. Eye the Exit est un interlude tranquille, à mon sens dispensable car inachevé. Il trouve très certainement son sens, cependant, pour le groupe qui termine avec une relecture réussie, virevoltante, aux nappes célestes: Sky Will Fall (Skeleton Hands Remix). Electro, cold évidemment et groovy, l’essai confié à autrui clôture comme il se doit un opus abouti.
On remerciera donc Young and Cold, qui tient sur la durée et fait dans la qualité, dans l’intégrité que personne ne peut lui disputer. On fera de même avec ce duo très au point qui nous aide à traverser, par ses titres et climats, l’époque en cours. Sa darkwave, paradoxalement, réchauffe les coeurs et sème de la joie, auditive, dans une grisaille quotidienne qui ne cesse de nous rogner la psyché.