Groupe de filles de New-York, Palberta sort des disques depuis 2013 et peut se targuer d’une série de parutions généreuses, tant en nombre qu’en qualité. Fournies en titres de choix, à l’image d’un album de Guided By Voices, elles font incontestablement honneur à Lily Konigsberg, Anina Ivry-Block et Nina Ryser, qui font se succéder les perles de pop turbulente. Les relents lo-fi, punky ou hardcore qu’elles leur confèrent, leurs mélodies vocales de choix, constituent ici et encore un disque de génie, nommé Palberta5000, fort de seize plages qui oscillent entre agitation et rêverie sucrée un brin griffue (Red Antz). Voilà un album qui capture l’attention, dont le première chanson, No Way, offre un joli brouillon noisy/lo-fi à l’éclat vocal évident. Plus qu’un brouillon, il s’agit déjà d’une copie sans fautes. Big Bad Want vient la parfaire, dans une urgence post-punk magnifiée par la voix. Chaque titre, à vrai dire, est un must. Never to Go mène sa barque entre voix bellotes, le fait est bien entendu récurrent, et rythme fonceur. On remarque, d’ailleurs, que la plupart des compositions sont courtes, ce qui permet une accroche définitive. The cow réitère les plans vocaux à plusieurs, Fragile Place les met même à nu avant que l’instrumentation ne vienne les bousculer avec une belle vigueur.
In Again se déroule ensuite vivement, lui aussi, et « saccadément ». Signé chez Wharf Cat Records, ce qui le place d’autant plus haut dans notre estime, Palberta file puis rétrograde, met dans le même panier sauterie noisy et beauté chantée. Il émane de de ce Palberta5000 un doux parfum de Riot Grrrl. Il est mutin, encanaillé. Hey! fait le fou, se répète au point de nous rentrer dans la tête. Red Antz revient à la modération, d’une grande joliesse. Summer Sun accélère de suite, notons au passage la simplicité d’un jeu instrumental remarquable, dont la teneur captive. Il s’emballe sur Eggs n’ Bac’, speederie post-punk imparable. Corner Store s’adoucit, il conserve malgré tout des abords ébréchés. On ne peut que succomber à ce type de disque, attractif en tous points, probant de A à Z. I’m Z’done en étend la fantaisie, sur à peine une demi-minute. Something in the Way fait de même, il plaira aussi de par ses motifs de guitare et sa rythmique qui louvoie.
Quant aux chants, inutile de le rabâcher; ils étincèlent. Tendu mais bien mis, Palberta5000 est à mon avis l’une des sensations de ce début d’année, si tant est qu’il lui soit donné, et ça ne serait que mérité, de percer. The Way That You Do le voit tenir le cap, poppy mais coquin. Il part, d’un coup, droit devant. Le trio conjugue excellence -dans ses créations- et fréquence -dans ses sorties. L’idéal donc. On a presque droit à du math-rock (si si) sur All Over My Face. Sans, cela va de soi, le côté technique un brin démonstratif qui accompagne parfois le genre. Aux limites de l’improvisé dirait-on, car porteur de nombreux changements de direction, soniquement indomptable, l’opus est pourtant cohérent à souhait. Before I Got Here vient y mettre fin, vivement, sans qu’on ait eu à déplorer la moindre baisse de régime. A l’heure des sorties inégales, qui tendent à débuter en fanfare pour ensuite s’enrayer, la performance mérite d’être saluée.
Ce Palberta5000 est un disque qu’on a envie, dès son terme, de relancer. Elaboré en dépit d’un côté gentiment foutraque, il n’est fait que de pépites insoumises, tranchantes comme élégantes, qui en tout tout le charme et l’attrait constant. C’est une merveille de plus à placer dans le coffre à trésors indé, signé par trois dames au talent attisé par des ouvrages dont le nombre attient déjà un niveau plus que respectable.