Les 3 gars de the klubs (sans majuscule, ils la mériteraient pourtant) viennent de Pretoria, en Afrique du Sud, et arrivent avec ce Cult Party à leur premier album. Ceci près deux ep’s qui laissaient transparaître, déjà, une vigueur post-punk impossible à endiguer. Sur dix titres furieux, ils en administrent la preuve, sans faiblir. God slayer démarre, une rage à la Idles le porte et l’emporte. Voix remontée, rythme alerte, guitares hurlantes font le ménage dans la casbah et croyez-moi, ça dépoussière sévère! On ne s’embarrasse pas de fioritures, l’heure est à l’urgence. Les durées, assez réduites, préservent l’efficacité. On peut baisser la garde du point de vue cadence, l’impact demeure (Loosen the Crown). La voix est celle de deux qui constatent, avec amertume, l’état du monde dans lequel nous tentons péniblement d’évoluer, de trouver notre place. the klubs a la sienne, crédibilisée par ses dix morceaux. 13 steps déferle à son tour, bruyant, vitaminé.
Le trio fait partie de ces groupes qui, sans trop en dire, visent juste. Il va à l’essentiel, fait dans la tension et ce faisant, attire l’attention. You’re the Man rentre dans la gueule de l’individu, une fois de plus les plans joués font gigoter, avec entrain, les carcasses des chanceux qui connaissent la formation. Ffs enchaine, sur tout juste 43 secondes qui allient voix et notes de guitare. Puis on repart dans le bourbier d’un rock crasseux, balourd et rentre-dedans, avec Year of the Dog. La basse est charnue, le morceau criard, convaincant car fait de conviction(s). Il prend fin doucement, la charge pesante puis galopante de Pastors Dance lui fait suite en générant la même réaction, à savoir l’approbation immédiate d’une enfilade où rien ne se montre négligeable. En grappe de trois aux rangs serrés, the klubs fuzze et dérape allègrement.
Cult Party est un tout indivisible, dont l’écoute exige d’être livrée sans atermoiements. D’une traite. Le titre éponyme balance une noise de taille, il n’atteint pas même les deux minutes. Efficace, encore, l’album fera honneur à Now Now Just Now, label dédié à la promotion des arts et de la musique en « Afsud ». Guts s’inscrit dans la lignée colérique de l’ensemble, Oko et son brasier bluesy vicelard, lancinant, finissent le boulot de manière sulfureuse. Qu’on lâche les rênes ou qu’on nuance le rendu, ce dernier tutoie la valeur des meilleurs. On n’a pas vu l’opus passer, signe de sa qualité constante. On sent qu’armé de sa vérité, d’une multitude de choses çà exprimer et d’un arsenal sonore aiguisé, the klubs peut s’incruster avec légitimité dans la hiérarchie, ou plutôt le vaste rayonnage, des groupes à suivre à la note près.