Ex Fulgur, c’est Odilon Violet (chant, textes & poèmes, sauf (4) Prière (Sony Labou Tansi, extrait de « Poèmes et vents lisses », édition Le Bruit des autres. 1995) et (5) Odalisque (O. Violet – M.-A. Aïvar – S. Goualard), Saitam (synthetisers, boîtes à rythme & arrangements) et Mistress Bomb H (guitares & arrangements). Je me suis pas foulé, c’est leur Bandcamp qui le dit. Mais je le reprends car avec ces trois-là, affairés dans la même pièce, c’est l’écart assuré. « Noires sont les galaxies » (mars 2017) l’avait déjà démontré, Post-Humanité pousse le délire plus loin et se fout de la gueule…d’un monde à la sale gueule, déshumanisé au point que pour mieux le vitrioler, les comparses ont choisi cet intitulé, parlant, pour qualifier leur ouvrage. Le qualifier, oui, jusqu’en finale d’un propos sociétal qui, parfois, doit à la narration d’un Gontard, en plus acidulé, ou à la vision aiguisée d’un Michel Cloup. Je me vautre peut-être, mais l’impression est nette sans occulter le fait qu’Ex-Fulgur, ramassis jamais rassis de gens qui s’y entendent, développe des airs qui ne sont redevables qu’à lui-même. Le doute n’est d’ailleurs pas permis; les ressortissants de chez Kerviniou Recordz, avec La chose derrière la porte, dégèlent une électro-cold qui groove et dont les synthés et guitares s’accouplent harmonieusement, dans les grincements et les motifs décisifs. Putain, nous v’la bien! Surtout que De la confiture de barbe, appétissant, prend la même tangente. Un brin lascive, « désorientante » (c’est à dire dépaysante), un brin cinglée, hyper-inspirée, celle-ci fait mouche.
Sacredieu, c’est captivant ce truc! Loufoque, ambiancé, moqueur, dérisoire, lucide. Et différent. Tu croyais tout d’même pas, lecteur, qu’ Ex Fulgur allait se ranger? Insolation, dans un raffut élégant, continue à tanguer. Pas tant que ça finalement car derrière des aspects barrés, le trio reste accessible. Sans pour autant faire le sage car quand même, il fait rage. Prière, entendue, avilit encore plus ce monde véreux, pourri, vicié. En même temps, il parle de vie, d’envie (de vivre) vaincue. De ce putain de temps dont l’effet n’est pas si réparateur qu’il y parait. Bourru et sonique, voilà un nouveau morceau louable. Odalisque joue avec la new-wave, encore une fois ça n’engage que moi. Il le fait si bien que je confirme, et puis ses incrustes cold « me plaisent grave ». Ex Fulgur injecte…des Fulgur-ances, bien senties, dans sa matrice sonore. Trop bien mon quinquin, Idées-confort te vire (de ton confort), il étale ses paroles captivantes et riffs crus. On touche au but, comme Ozibut et son déguisement dément. Voilà un disque preneur de risques, délirant et passionnant. Je vous avais prévenus, c’est chez l’indé qu’la tambouille a le plus de saveur.
Photo Renan Peron
Prosélytes, non, dans une sorte de trip-hop au déroulé troublé, voit ses synthés faire des prouesses, sans délicatesse. Ses bruits, encore, délectent. Celui qui ergote me dira que Post-Humanité, plein d’humanité, ne compte que huit titres. Et oui Bibi, so what? Il en dit plus que d’autres sur un double skeud. Alors laisse-le parler, et claque-le dans ton lecteur. Gnou, qui le termine, te mettra une gentille mine. Sous des tons lancinants, en d’autres temps plus mordants, dans ses écarts bien orchestrés, Ex Fulgur fait bonne figure et fait merveille, tant par ses claviers que par sa poésie aux sources fortes, ou encore par ses guitares qui, éparses mais mordantes, acidifient un album enregistré dans le sous-sol des Ateliers du Vent, à Rennes, avec la précieuse aide de Thomas Poli et Gilles Respriget. Tout est dit, je la boucle et retourne à l’écoute.