François Premiers avait déjà, fort d’un line-up de vétérans à qui on ne la fait pas, signé des débuts (sous ce nom bien évidemment, je ne reviendrai pas sur le parcours au delà du conséquent de tous les musiciens impliqués) tonitruants avec Franciscopolis (février 2020), où deux titres puissants et élevés se tiraient la bourre. Dans un rock burné et sans dédaigner les mélopées, le clan havrais paraphait un deux titres, donc, de la meilleure des cuvées. A écouter jusqu’à tomber, mais insuffisant….parce qu’avec ces gars-là, on est légitimement en droit d’en demander plus, numériquement parlant. Ils le peuvent, ils le doivent et surtout, ils ont les capacités à, de façon régulière, buriner leur rock aux quatre coins de l’hexagone, pour le plus grand plaisir de nos esgourdes estourbies. Histoire de faire reluire le blason d’un rock pour lequel ce genre de formation constitue une référence ultime.
Alors deux nouveaux morceaux, regroupés sur ce Renaissance man qui marque non pas une renaissance, mais plutôt la continuité dans la qualité et l’authenticité, ça se prend. D’autant que le titre éponyme, plus tendu que l’arc de Guillaume Tell, balance sans prévenir un premier pavé dans la mare à riffs, tout en tempérant brièvement sa composition pour ensuite percuter à nouveau. C’est du cru inspiré, jamais basique, juteux et sans détours ni pose de jeunot flambeur. On a passé l’âge et puis chez les trois François, Premiers…de cordée de la caste rock, et leurs très fiables acolytes, il ne s’agit pas de faire dans le démonstratif, et encore moins de se la péter à clamer savoir-faire et dextérité sur tous les toits d’la ville et dans les recoins du port. De toute façon, dans le cercle des initiés, tout le monde est déjà au jus.
Photo Wilfried Lamotte
Et pourtant, le contenu le justifierait. Un poisseux et lancinant Glamorize me, sur lit de choeurs et voix de marque, enfonce le clou. Dans un premier temps, le titre offre des plans bluesy, subtils, qui vont ensuite enfler et se pervertir au gré d’un tempo retenu. Lorsqu’il s’agit de ficeler un rock au cambouis, à l’ancienne certes mais bénéficiaire d’un son d’aujourd’hui, ces gaillards éreintent la concurrence. Il y a de plus, dans ce second jet, des abords funky qui dérouilleront les hanches de l’auditeur, déjà mises à l’épreuve par la chanson initiale. Des odeurs de classe ultime filtrent de la marmite, les refrains sont de ceux qu’on braille où qu’on soit et l’impact des guitares vient souligner les vocaux, main dans la main avec une rythmique inextinguible. Vice et élégance, force et mesure, sens du titre qui, d’emblée, met d’accord toute l’assemblée. Si avec ça François Premiers n’est pas sacré, alors foutons le trône par dessus bord.
Photo Roger Legrand
Il n’empêche: quatre « tracks », fussent-elles parfaites, ça donne fatalement des envies d’ep, d’album même. Et de live, alors patience Hortense: ça va viendre. Les cinq soldats, unis (chez eux, on ne joue pas à cinq bornes l’un de l’autre mais en rangs serrés: j’en veux pour preuve la vidéo, ou encore première photo, jointe à cette chronique), sauront te faire tournoyer, au son d’un arsenal imprenable que le vécu, bien entendu, vient parfaire et intensifier. Avant ces réjouissances on dispose déjà, tout de même, de deux sorties sillonnées à faire tourner à bloc sur les appareils. Notons pour finir que l’objet sort le 24 décembre, chez Poseur Records (ah bah tiens, on prendrait donc tout de même, au final, la pose?). On ne peut évidemment, en guise de cadeau de Noël, rêver meilleur présent…