Basé à Perth en Australie, Last Quokka se consacre corps et âme à ce qu’il appelle un punk anti-fasciste, décliné sur déjà quatre sorties. Avec ce Unconscious Drivers dont les dix titres sont joués pied au plancher, l’urgence prime sans tout envahir; Trent-vocals, Jose-drums, Kirill-guitar et Ray-bass, sans atermoiements, filent droit et déblatèrent sans oublier, cependant, de saupoudrer une pincée de subtilité (Privilege) dans leur registre aux durées plutôt brèves. Ca ramone sec, Turquoise Bay chante punk et joue vite, maîtrisé. Wake Up Geoff use de riffs efficients: on n’emploie pas, chez Last Quokka, d’ingrédients superflus. Les voix se répondent, alliées dans la contestation. Saints, avec son amorce apaisée, trompe l’auditoire. Il montre aussi qu’on n’est pas, seulement, dans le direct qui brame et s’oppose. Le morceau se saccade, fort d’un refrain simple à entonner. En sa fin, le voilà qui passe la surmultipliée. Last Quokka revient à son terrain de jeu favori, celui où l’on freine peu. Conversations, presque pop sur ses premiers sons, se met lui aussi à dézinguer ensuite. Punks in the palace (rien que l’intitulé, éloquent, envoie à une certaine forme d’insurrection), rageur dans la voix, s’habille néanmoins de sonorités doucereuses.
L’idée de nuancer, à l’évidence, est bonne. Elle permet au groupe de ne jamais sombrer dans le basique sans relief, tout en le maintenant dans ses créneaux usuels. Comme nombre d’Australiens qui chopent un mic et empoignent les guitares, Last Quokka s’en tire avec les honneurs et fait dans le vrai. People, qui galope, prouve sans rémission que si les gaillards ont ouvert pour Gang Of Four, Mclusky ou encore The Meanies, le fait n’est pas du au hasard. Le clan s’est fait reconnaitre, par conséquent son Unconscious Drivers tire les fruits de ses bonnes dispositions. Colony use de sons qui rappellent la cold-wave, froids et finauds. L’esprit punk demeure: on lui appose, ça et là, d’autres tons. Le morceau se met, passé sa première partie, à cogner avec vigueur. Là encore, on se distingue.
Sans forcer, sans se compliquer la tâche, le quatuor fait honneur à sa mouvance. Suffocation marie, à l’instar d’autres plages, finesse et coups de canif. La bourrasque survient, nourrie. Il n’est pas rare qu’à la suite de ses séries de motifs clairs, Last Quokka durcisse le ton. Il le fait bien. Il trouve, de plus, l’accord ou le gimmick qui fait la différence et apporte le petit plus, faisant pencher la balance du bon côté. Pictures of the End, dernière des chansons livrées ici, adopte un ton cold mesuré, aux airs presque jazzy. On le sent, ça peut péter. Eh bien non: l’atmosphère sous-tendue, magnifique, perdure et vient sertir la toute fin d’un album qui ne compte que du bon, ancré dans une diversité sans excès, bien comptée, qui ne peut que le renforcer positivement.