Le jeunot vient du Sud, à mes yeux c’est un peu un Robert Pollard français. Capable de sortir des disques à intervalles minimes, de trousser 147 000 morceaux impeccables et, en ce qui concerne le ptit gars présenté ici, d’oeuvrer sous différentes bannières sans faire le fier mais en ficelant immanquablement des titres imprenables. Avec Opinion, il officie depuis 2016 et ce Molly aux 22 titres rutilants, d’obédience 90’s assumée, vient se joindre à la collection Flippin’ Freaks, déjà éloquente. Indé donc, je me plais à le rappeler, et dans un entre-soi qui vaut beaucoup. Humainement, musicalement aussi. Et puis, y’a d’la joie, des trompettes parfois (The Reason Why (I Will Never Be The One) et ses sept minutes magiques). Hugo part pourtant, avec la folk-indé souillée de I’m Ugly, It’s Awesome!, d’un constat d’ « affrosité ». Il se trompe, il est beau. Dans ce qu’il fait, on s’accordera sur ce point. Et sincère. Et puis, ça va sans dire, performant, prolifique. Ca fait un sacré ramassis de qualités, It’s awesome! Lie le fait crépiter, des touches folk s’incrustent encore mais se frottent à des encarts noisy. Mélodiquement, le gaillard en a aussi sous le capot. Son registre ne capote jamais, il enfile les perles comme à la parade. Il fait de la pop atmosphérique, dreamy, qui sonne juste (Northern school). Pinduck, lui, s’enrage sous l’effet d’envolées speedées.
Tellement bon, le bazar, que je décrirais volontiers la totalité de ses essais. In white suit, par exemple, et ses abords lo-fi dénudés à la belle finesse. Opinion met du sensible dans sa série, s’enhardit de manière jubilatoire (Make Out Of). Il n’en fait jamais trop, stoppe quand tout est dit et évite de s’égarer pas dans la logorrhée. Psyché sur certaines plages (All The Screams You Heard Were In Your Head), il rêvasse autant qu’il tabasse. Indé, indé de toujours. Honoré par Rock and Folk parmi d’autres, Opinion a toute la vie devant lui mais malgré ça, il s’empresse de nous régaler. Dodo bird et sa pop alerte, espiègle. Dream About You et son émotion. My face, boulet grungy qui fait cramer la bicoque. Le catalogue d’Hugo parle pour lui, pourtant Only you s’adresse à l’ Autre. L’équilibre entre sucre pop, parfaitement dosé -on n’est, à aucun moment, dans le trop- et sévérité rock, en passant donc par des chansons folk achevées/bricolées, est affirmé. Divorce Kid (I Don’t Wanna Grow Up) remet du ciment dans la truelle, la cabane sonore du garçon continue à s’ériger. Sans vaciller, étayée par des fondations inébranlables.
Presque 70’s sur On The Naked Moon, bruyant et finaud à la fois sur On The Naked Moon, Opinion époustoufle et a du souffle. Well Done (The Letter) braille et fait son Pixies: oh bordel le « petit » a déjà l’air, ou plutôt les airs, d’un grand! Thrills et ses « Wouuuhh! » suinte une pop qui dévie, s’écarte du chemin mais garde sa belle veste. It’s not your fault fait montre de la même brillance, alerte. Le plaisir, ici, est continuel. You Are Everything I Hate, à adresser à tous ceux qui figurent ce que vous vomissez, sent bon la rancoeur, haineux et percutant qu’il est. On finit sur The fear mais n’ayez crainte: doux puis plus acidulé, le morceau est une perle. La dernière de ce Molly, merveilleuse enfilade de régalades « maison », c’est comme ça que c’est le plus goûtu, signées d’un musicien qu’on aura bien du mal, côté « adverse », à égaler en quantité et en qualité.
Je précise pour finir que le Desire, Perfume & Slowly de décembre 2019-comme quoi et comme indiqué plus haut, Carmouze crée sans discontinuer ou presque- est de même valeur, signe de continuité dans la fiabilité pour un « zicos » dont on risque de reparler sous la forme d’éloges nourris. Et amplement mérités.