Son avènement constitua un événement, la sortie de son premier EP, ce Time for a rethink au post-punk/punk-funk juteux et acéré, en est un de même teneur. Le projet de Lescop, qui s’unit ici à son batteur habituel, Wend¥ Kill donc, aux deux guitaristes Martin Uslef et Adrian Edeline ainsi qu’au bassiste Quentin Rochas, tous issus d’un collectif de jeunes musiciens éclectiques et hyperactifs, aligne en effet quatre morceaux qui trusteront les premières places, dans une énergie qui groove grave (Love 8) et ce, sans discontinuer. On pense, lors de la danse, à Devo, Talking Heads, Gang of Four ou encore A Certain Ratio. Distant call et ses riffs secs, sa basse rondelette et ses vocaux funky, sans parader, fait mouche de par ses gimmicks et sa dansabilité. Pour le coup, c’est à !!! (Chk Chk Chk) que je pense. Une première salve qui ne ménage pas les corps, dont les déhanchements accompagneront les syncopes entêtantes de ce p+++++ de titre. On connait le brio de Lescop, on constate aussi que ses acolytes s’ajustent, dans un unisson de diablotins, à l’orientation voulue. Don’t think twice, guitares aigrelettes en tête de file, produit un effet au minimum similaire. L’offensive finale des six-cordes, alliées à une rythmique qui Serpent(e) frénétiquement, et la vigueur non jugulée du bazar envoient tout valser.
Bien bon, sans sagesse ni manières, l’EP tient férocement la route. Ce n’est sûrement pas le Love 8 décrit plus haut, porteur d’un funk-rock furibard, qui discréditera le quintette. Ce dernier a d’ores et déjà la recette d’une pelletée de tubes qui lui donnent fière allure. Il prend de l’avance, un EP c’est bien les copains! Mais le rendu, outre le fait de faire fourmiller les gambettes, donne l’envie d’en entendre plus. Dans l’attente, les tons presque « Lescopisants » de Waiting, en queue de peloton d’une course que Serpent remporte haut l’accord, réjouissent une dernière fois l’acquéreur. A en croire le communiqué de presse, Mathieu Lescop cherchait à retrouver l’excitation jouissive de l’électricité, de l’écriture collective et intuitive sans cadastre et à assouvir par là des envies d’embrasements. C’est réussi, le premier brasier a pris. Il est temps de se repenser, Serpent le fait sans glisser.
Photo Giasco Bertoli
On chantonne et on se remue, l’écoute se répètera. Souvent. S’il peut se montrer plus venimeux encore, Serpent assied d’emblée un genre qui ne laisse pas indifférent. Ces cinq là se sont bien trouvés, leur début promet et place la barre bien haut. Il s’agira de confirmer, certains ont commencé magistralement pour ensuite sombrer dans l’à peu près. Mais Serpent, de toute évidence, dégage déjà assez de charisme et détient le sens de la formule, au point d’enfanter un Time for a rethink à mettre au pied de tous les sapins de Noël et à enfourner dans les lecteurs du plus grand nombre possible, jusqu’à satiété bien entendu. Il y a chez Serpent, on l’aura compris, de quoi fermer le clapet des langues de vipère, promptes à détruire tout « nouvel » arrivant un tant soit peu méritant.