Projet d’ un certain A//, actif depuis le mitan des 90’s (dans mes estimations) et fondateur du label Invasion Planète Recordings, Le Syndicat Electronique s’est fendu, à l’époque, d’une électro minimale, aux reflets cold, dont son auteur assure ici la ressortie en en remettant au goût du jour, avec à la clé de nouvelles fréquences et harmonies, les titres-phare. Le recueil, qui regroupe dix-sept « Underrated classics » s’étalant de 1999 à 2003, est un délice et prouve qu’à l’instar de bon nombre de projets d’alors, ses plages s’écoutent encore sans forcer aujourd’hui. La redécouverte est exceptionnelle; 599 000…! (2001) et ses voix féminines en Allemand coupe le ruban, l’inauguration annonce un foutu programme à base d’électro lunaire ou trépidante. Bodywave (2001) fait mumuse avec les sons, puis installe un ton cold obsédant aux gimmicks décisifs. A l’écoute, on ne pourra occulter le moindre titre. Abstraite Relation (2003), au début synth-punk, respire l’urgence. Le chant joue avec les langues, passe de l’humain au machinisé. Bordel, j’adore! Les synthés sont joueurs, porteurs de boucles démentes. Blood & Flesh (2001) se fait léger, aérien. Quelle que soit la couleur revêtue, on se prend au jeu.
Glauben, chanté dans la langue de Goethe, donne envie d’y croire (facile). Le minimalisme, assumé, est l’arme de A//, créateur originel de ces pièces musicales adroitement reliftées…par sa personne. The Men Who Killed The Beat (2001), qui présente des motifs tout aussi simples et prenants, fait mentir son intitulé. Il crédite le son, dont il maximise le minimal. Feedback fait de même, avec ses petits sons en vagues nourries. Shooting star ose une approche plus saccadée, ça passe de la même façon: easy! Les menottes de A//, au contact de son clavier, jouent des airs qui feront mieux que plaire. Sweet Violence (2002), bien nommé, pulse et m’amène à secouer la caboche, m’empêchant de taper ici les bonnes lettres. J’ai rectifié, reprenons donc le cours de l’audition. A qui douterait de la portée du courant « synth », Underrated classics 1999-2003 assène une réponse sans équivoque.
Même sans chant, c’est le cas de Suspicion (2003), Le Syndicat Electronique, à pas mal d’autres formations, fait la nique. Neon On My Skin (2001) alterne chant d’homme et de mutant, il prend source dans une énergie synth qui groove et cingle rythmiquement. Close to you (2003), bien plus lancinant, irait presque chatouiller le psychédélisme. Never (2002), sur fond de claviers froids mais alertes, semble siffloter, serein…uniquement en apparence, car frappé tout de même. De toutes parts, fusent des sons bien trop bons. Church of A // (2003) poursuit le reliftage, nébuleux et psychotrope. L’effet, ici, est très « psychiatrique ». Tant mieux, ça permet l’évasion et en ces temps viciés, c’est un bel échappatoire. Memorial (2002), entre volutes célestes et voix grave/songeuse, fait à son tour son « petit » effet. Bien au delà du « petit », à vrai dire. L’ensemble s’écoute jusqu’à plus soif, l’ élixir est tout sauf nocif. Survivance (2001), dont les synthés me font penser à…Depeche Mode dans ses airs les plus enjoués, aborde le final en exerçant la même attraction.
On est, de toute façon et de manière irrémédiable, gagné par le travail de « relooking », sans excès, de Mister Gand. Hidden (2002), déréglé, floute sa voix, fait usage de sonorités une fois de plus entêtantes. Un régal. Notons aussi que Philosophie, l’opus datant de 2002, fait également l’objet d’une réédition. Il ne vous reste donc plus qu’à vous ruer sur ces « reissues », pépites s’il en est, en suivant sans plus attendre le lien ci-dessous. Addiction garantie!