Premier degré? Second degré? Liberté! Voila le slogan, définitif, qu’on pourrait apposer à Lésion Française. Une paire de jumeaux qui, sans jumelle, scrute et dézingue les affres de la société actuelle à grand coups de délires électro-punk dont tous les titres auraient leur place sur la compil’ Des jeunes gens mödernes. Allez c’est parti, le titre éponyme célèbre l’union des synthés fous, posés pour le coup, et des paroles dérisoires mais qui, quand on se penche sur leur sens, se dotent d’une certaine portée. T’façon, mieux vaut le tourner, ce putain de monde, en dérision. C’est ce que fait le duo, qui n’a de cesse de railler et dérailler. Kasimyr, cold et synthético-guitarisé, hausse le ton et balourde du bip-bip accrocheur à tout-va. J’adore. Les machines imposent légèreté, volutes dansantes. La danse des pingouins, « ode » aux congés payés et leur cohorte d’attitudes ridicules, puis Tiens ta droite, défourraillage cold-punk électroïde, ne baissent pas non plus leur froc. Ou alors, c’est pour montrer leur fesses blanches et velues. Dans sa provoc’, Lésion Française se hisse Sur les épaules d’un géant, doté de notes cold et vives, pour toiser le Monde.
On pourra profiter, de ce joyeux foutoir aux pieds de nez fréquents, dix-sept titres durant. Youpi mon bibi! Babar lâche un post-punk növo, lunaire et saccadé. Bordel, ces deux lurons font un carton. Dur de se lasser: les penchants décalés du projet, ses écarts aux atours variables, mais cohérents, sentent le revins-y. Appelle-moi implore et fait le niais -dans ce registre, ces deux-là sont des ministres-, Attention chien méchant évoque les chiens des délurés mentaux…avec une belle dose de tourmente mentale. Waf waf…Vichy-état donne lui aussi le ton, cette fois la cible est toute trouvée. Les notes de synthés pleuvent, comme les coups fourrés étatiques. Ce Vichy là, c’est pas celui de la célèbre marque de pastilles. Des idées moroses, loin de l’être, groove sur un rythme presque hip-hop. Lourds menhirs projette une électro alerte. A chaque morceau, Godard & Kasimyr allient discours et nappes tordues avec dextérité.
No Foutur! confirme, ses voix prennent la tangente. On est dans la déraison, dotée de raison. Le verbe est déviant mais clairvoyant. Voir au-delà, bastonnerie « dédiée » à la frange qui cultive la haine de l’autre -si j’ai bien saisi-, frappe fort et conjugue l’enlevé et le plus céleste. The global sect, lent et froid, est lui presque psyché. A chaque titre, sa proie. Le mitraillage est constant, les balles musicales et grammaticales de Lésion Française suintent la connerie élevée, délibérée. Elles prennent, à l’issue de tout ce bazar, des airs quasi poétiques (Colchiques), au surlignage subtil. Tout est dit, l’éventail est large, le propos osé et dosé…en mots qui dénoncent et défoncent. Jusqu’à l’ivresse, on écoutera cette rondelle qui ne fait pas la belle, consacrée toute entière à déstabilise et mettre en exergue la conséquente ineptie sociétale qui pourrit nos vies. Engagez-vous les chouchous, Lésion Française vous aidera à déserter.