Basée à Copenhague, née à Cologne, Zola Mennenöh vient du jazz, de l’avant-garde et de l’improvisation. Elle évolue, forte d’un parcours de chanteuse, flutiste et guitariste, dans un créneau épuré où folk à nu et panel instrumental incluant Nicole Hogstrand (viole de gambe), Johanna Borchert (prepared piano) et Szymon Pimpon Gasiorek (drumkit / percussion) se rencontrent, générant des paysages qui passent du dénudé à l’ombragé, voire dissonant, sans soucis. La grâce d’un I came here to stay, en ouverture, et sa douce agitation distinguent déjà l’autrice qui aime à souiller, de temps à autres, son joli répertoire. L’ombrage qu’elle y projette fait son effet, I disappeared under the sea s’en pare avantageusement. La voix est pure, le décor sobre. Ses compagnons, lentement, dévient, délivrent un écrin obscur. Le chant se fait plus songeur, presque fantomatique, angoissant aussi. C’est dans ses embardées hors-piste, à mon sens, que ce Longing for Belonging livre toute sa sève. A piece of peace s’agite lui aussi gentiment, sous l’effet d’une batterie marquée bien que discrète. Une fois de plus, l’atmosphère capture son monde.
Là où beaucoup, à tort car la méthode ennuie, font dans le posé récurrent, immuable, Zola ose bifurquer. Même ses formats « normaux », tel I will always be yours forever, parviennent la plupart du temps à susciter l’intérêt. Sans déployer, loin s’en faut, un arsenal insondable, on s’affaire avec un bel à propos. Make things simple, sur la bagatelle de douze minutes, souffle un « drone folk » qui démontre qu’ici, on ne rechigne pas à quitter le droit chemin. Quand bien même c’est pour mieux y revenir, sur Ancestral par exemple. Ceci avant d’assombrir, derechef, la dite composition. Ca faisant, l’ensemble maintient une propension à marier le beau et le gris, le « sali » et l’immaculé. C’est le cas de Look for the blue hoodie! xx, M, où les écarts sonores reviennent régulièrement. L’idée est bonne, elle singularise l’opus.
Edinburgh, sorte de délire chanté à plusieurs, aurait mérité de se développer. Trop bref, il laisse place à I sing for the lost ones, où là aussi les sons sortent du cadre habituel. En parallèle, la magnificence du rendu persiste. L’album serait, selon moi, plus probant encore s’il déjantait plus fréquemment encore. Zola Mennenöh, compte tenu du chemin déjà parcouru et de la fiabilité de ses acolytes, de l’esprit qui l’anime, a pour cela les vertus requises. Sea of silence, pourtant, retombe dans un format plutôt posé, qui passe l’épreuve sans dévier. Il prend vie pourtant, sans s’encanailler réellement. Enfin Bound, pour finir, lui emboîte le pas entre clarté et fond grisé. Tout ça se tient, l’attractivité est préservée. On louera avant toute chose, toutefois, les écarts liés à ce disque qui vaut, beaucoup, par ses ambiances et encarts osés qu’on espère, à l’avenir, voir prendre des formes plus ouvertement escarpées.