Sacrés acteurs -musicaux- que ces Belmondos, passés maîtres dans l’art de conjuguer garage-pop et élans sixties. Les quatre parisiens aux dégaines de mecs proprets, un brin potaches dans leurs attitudes (c’est sûrement trompeur et voulu), n’en sont pas à leurs débuts et ça se ressent, positivement, sur ce Memory lane. Un troisième album où impact rock (pour débuter, on nous impose un excellent Get by, riffs imparables et dynamique ébouriffante de rigueur), pop polie sans ennuyer et mélopées issues des 60’s, sucrées, fermentent sous les mêmes sphères. Entrée en matière probante, confirmée sans coup férir par What for et sa pop alerte, posée dans le chant. Je me méfie toutefois: il est fréquent que les groupes, après un début choc, accusent le coup. Whatever you do est plus apaisé, mais lui aussi bien troussé. Des « Waouh » l’éclairent, on est certes retombé da le tension rock de l’amorce mais on reste performant. Il y a d’ailleurs, dans ce morceau, des envolées plus poussées. Poursuivons donc: il semblerait que les Belmondos, reconnus ici et là, soient en mesure de tenir le cap. By your side est paisible, épuré comme la plupart des chansons livrées. C’est trompeur car il s’enhardit sans traîner, sous le joug de guitares acérées.
Avec For Too Long, ses airs de French Cowboy pas déplaisants en son début, c’est un registre saccadé qui s’offre à l’auditeur. Le quatuor se situe entre politesse pop -une constante dans le chant-, et passages un peu plus rudes. On ne démérite toujours pas, Sunday Morning vient même faire la nique aux Anglais eux-mêmes, dynamique et entrainant, puis plus modéré sans se départir de son « poppisme » revendiqué. L’écoute est agréable, les parisiens ne révolutionneront certes pas le genre mais lui apporteront une contribution à prendre en compte. Hell At Sundown va en ce sens, il marie choeurs et mélopées, rugueux tempéré et ritournelles avenantes. Aucun des dix titres, sur Memory lane, ne se trouve en deçà de la mêlée. Until The Break Of Day est doucereux, mais il mue après ses premières notes en une comptine pop douce-amère de qualité.
A sa suite, Better Than Nothing tutoie les Beatles. J’attends l’encart rock endiablé, je suis exigeant car le registre est très souvent abouti. Elle a de l’allure, la pop des Belmondos. Simple, sans rajouts superflus et dotée de choeurs charmeurs, elle offre l’opportunité, à ces bonshommes estimables, de poursuivre l’aventure en complétant leur arsenal de manière avantageuse. Entre satin -pop évidemment- et rugosité qu’ils pourraient parfois, ça n’engage que moi, pousser plus loin encore, ils signent dix plages sans aucun défaut rédhibitoire. Love is all, pour terminer, pose ses notes à l’exacte croisée du tranquille et plus nerveux. Tout est maîtrisé, bien senti, presque trop parfois.
Il n’empêche, le tour est finement joué. Inutile de faire la fine bouche, les sucreries servies ici sont de celles dont on se gave une fois le paquet ouvert. On salue donc ce Memory lane, en même temps qu’on reconnait la cohérence, incontestable, du parcours des Belmondos. Le Pop Club Records, belle écurie au catalogue classieux, ne s’y est d’ailleurs pas trompé en signant la clique qui saura le lui rendre par ses sorties bien ouvragées.