Radical Kitten vient de Toulouse, bon point. Marin (bass, vocals), Marion (drums) et Iso (guitar, vocals) y officient, pour nous pondre un « Rrriot postpunk meow, queer and feminist » qui braille à deux voix et part direct à l’assaut, à la bagarre, quand se pointe la dinguerie façon Gomm (dans les chants alliés) qu’est Wrong! Faux!, le trio est dans le vrai! Son boucan sans répit est une jouissance sonore. Ses saccades et rafales font du bien…à celui qui aime le rock tapageur. Say shit (to your boss) trace, ralentit. J’y vais, lui dire merde. Je lui ferai même écouter le morceau, histoire de lui faire saigner les esgourdes. Il y a du Sonic Youth dans ce truc, doublé d’attitudes riot hurlées. On mettra du baume plus tard, tout s’enchaine assez frénétiquement. Mais jamais, je tiens à le préciser, de façon linéaire. Si la préférence du clan pour les attaques « direct in your face » est avérée, il a la bonne idée d’y intercaler des temps plus modérés. Shitty questions le démontre. Plus on avance dans l’écoute plus l’effet des voix à l’unisson, très polisson, fait péter le caisson.
Old world, plus lourd, à le mérite de convaincre à son tour, tout en amenant une autre coloration. Le résultat reste, évidemment, bruitiste. Ca se fait, pour le coup, de manière un peu plus insidieuse. Plus loin, I don’t wanna lâche un post-punk aux secousses sans ménagement. Sorry ne désolera personne, sa basse lui refile un groove estimable et la batterie le catapulte droit dans le mur. Les guitares, loin de faire dans le figé, jouent de la trame plaisante à tout-va. Full circle impose sa compacité, on est une fois de plus dans la turbulence/excellence. D’un coup, le bidule se module mais brièvement, pour se finir dans le fracs noisy. Chez Radical Kitten, on est loin de se vautrer dans le superflu. Quand tout est dit, on la boucle et on enchaine sur la suite, tout aussi éloquente.
Ainsi Blind, très cold en son début, bourre façon The Fall. On est en capacité, ici comme ailleurs, de faire du solide en jouant vite et audiblement. Co-prod’ unissant un paquet de structures (neuf pour le vinyle, quatre pour la K7 parce qu’en plus, on aime faire dans le vintage et on a bien raison car nous, les amoureux du son qui bruisse, adorons), Silence is violence le brise (le silence) et son disque à sillons noirs fera très certainement l’unanimité dans les milieux indé. On y trouve, indéniablement, bien plus d’objets valeureux que chez les gros où le catalogue, bien souvent pue la platitude. Ici il y a du relief, le terrain est cabossé. I can’t deal s’y aventure dans dommages. I’m bored n’ennuie aucunement, toujours dans ce dosage vigoureux entre post-punk, riot sound et bordures cold. The one, the first instaure une amorce répétitive, puis se lâche et laisse le chant batailler, comme à l’habitude.
C’est Silence, d’abord un tantinet tribal, qui déflagre pour la dernière fois. Ses pulsions, ses sons de gratte addictifs et sa saute d’humeur rythmique en font un final royal, à l’issue d’une rondelle qui n’aura laissé respirer personne ou alors, sur un temps très réduit. La méthode a du bon, elle enfante un album de haute volée dans le style qui s’y rapporte. Approuvé.