Projet de Bjarke Sørensen, multi-instrumentiste danois expatrié à Berlin, épaulé par Simeon Loth (guitare), Alex Cummings (batterie) et Elie Granger (synthé), The New Madness sort avec After hours son premier album. Fait d’un rock sous haute tension, celui-ci délivre un registre juteux, dopé aux choeurs et à l’énergie dès que retentit l’inaugural Lovesick, qui sonne comme un croisement entre Jon Spencer et les Black Keys. C’est du minimal efficace, aux touches bluesy appréciables. Garage et en rage, mélodieux mais dans le tumulte, il s’agit d’un départ en fanfare, bien que non cuivré. Ses guitares bavassent et tabassent, son rythme gicle façon The Hives dans ses meilleurs moments (Night watch). En deux morceaux, on est mis sur les (bons) rails. Le train file, il charbonne et dégage une fumée rock’n’roll épaisse. Better than that, aux traits blues prononcés, mais rudes, enfonce le clou. On joue serré, sans interstices pour les artifices. La cadence change, s’affirme plus encore. On est en compagnie, ici, de musiciens investis.
You’ll know my name, de ses wou-hou-hoouu, assène un rock bien serti. Il y a de l’allant, de l’énergie, dans ce que fait The New Madness. Entre riffs crus et motifs bien amenés, tous les titres allient dynamisme et qualités mélodiques, tranchant et efficience totale. New madness emplafonne l’auditeur de ses assauts bruts mais racés, il est bon de constater que les baisse de régime sont pour l’heure inexistantes. Go my own way, toutefois, dégrossit le propos. C’est de la folk-blues paisible, l’interlude apaisé n’entamant en rien la fiabilité d’After hours. Bien au contraire. Le titre éponyme, ravageur, se présente ensuite pour réinstaurer une vigueur directe. Voilà de dignes héritiers, avec à leur tête un homme du Nord doué et inspiré.
Never coming down, puissant, m’évoquera Spencer en un peu moins écorché. La voix est plus aigue, elle s’acoquine néanmoins parfaitement avec le champ sonore du quatuor. On ne trouve décidément rien, sur ces douze morceaux, qui déçoive son homme. Thru hard times débarque avec sa batterie en rafales, ses choeurs exaltants, et ses guitares excitées. Le chant met, dans tout ça, du relief. L’ensemble est ajusté, ça va sans dire. Love me like a bad girl jette de l’huile sur le feu, saccadé et sans temps morts. Le Moog, de temps à autre, nappe le truc de ses belles chappes. On a déjà, certes, entendu ça quelque part. Mais After hours est solidissime, si bien troussé qu’il est bien difficile de le rejeter. On headbange, au rythme de ses pulsions sauvages. Recess, brother lorgne du côté du blues d’antan, embelli par le chant de Sørensen. The New Madness, c’est tout sauf une bande de poseurs. Ces mecs-là avancent à la vérité.
Leur dernier tir, Soon we’ll be strangers, honore lui aussi la mouvance blues. Très présente sur l’album, cette dernière est chauffée au fer, rouge, d’un rock offensif. Le final, cependant, reste posé. Animé, sans surcharge, plutôt typé, c’est une conclusion aussi aboutie que le reste, qui consolide un opus à écouter sans discontinuer.