A environ un mois de la sortie du groovy et louvoyant Time for a rethink, son très attendu premier EP, Serpent répond aux questions de Muzzart….
1) Dans Serpent on trouve le sieur Lescop, bien connu. Qui sont ses acolytes ? Comment Serpent est-il né ?
Wendy Kill à la batterie, Martin Uslef et Adrian Edeline aux guitares, et Quentin Rochas à la basse. SERPENT est né d’une envie commune de créer un groupe entièrement dirigé vers l’énergie, une volonté d’aller ensemble vers la création du concept de « post-funk », un funk en plastique, froid et radical.
2) Quelles sont vos visées pour ce projet, est-il amené à s’inscrire dans le temps ?
Nos visées sur ce projet sont de l’emmener le plus loin possible, de jouer en live partout où ce sera possible et dès que ce sera possible, et de diffuser un maximum de chansons et d’images. Nous pensons le groupe SERPENT comme un projet d’art brut, une version anamorphosée de toutes nos influences musicales et esthétiques; notre boulot, c’est comme de passer tout cela dans un kaléidoscope d’images aux couleurs saturées.
SERPENT est une invitation à la liberté, à la créativité, et à la danse. Nous sommes justement sur le point d’inventer une machine à voyager dans le temps, s’inscrire dans le temps sera bientôt une activité banale à la portée de n’importe qui !
3) A l’écoute de Time for a rethink, premier EP destiné à sortir le 18 décembre, je pense autant à The Rapture qu’à Chk Chk Chk (!!!), ou encore à la vague post-punk funky de la fin des années 70. Y a-t-il des influences déclarées chez Serpent ?
Depuis le début de ce projet SERPENT il y a une envie chez nous de rapprocher la culture funk et la culture punk, de reprendre effectivement cette méthode qui a commencé à être utilisée dans le New-York des années 70. Mais SERPENT, bien qu’anglophone, est un groupe résolument français: nous vivons tous à Paris et nous voulons raconter notre mode de vie, le fait de se sentir un peu perdus dans une jungle en béton, d’être des êtres humains qui s’agglutinent comme des animaux dans des grandes villes, d’avoir besoin des autres pour leur dire qu’on n’a pas besoin d’eux.
4) J’ai l’impression que Serpent, tel le reptile qu’il désigne, louvoie entre les styles jusqu’à trouver le sien, personnel et définitif. Qu’en pensez-vous?
En fait, nous évitons de penser. C’est surtout ça l’idée, c’est une musique qui s’adresse au cerveau reptilien, et elle est conçue comme ça.
5) Qu’est-ce qui a motivé, pour Time for a rethink, sa couleur musicale ? Le parcours de chacun a t-il influé sur le contenu ?
Ce qui a motivé la couleur musicale de TIME FOR A RETHINK c’est surtout une envie de créer une musique PAR les sens et POUR les sens. Nous n’avions pas vraiment d’idée arrêtée sur ce que nous voulions faire, il se trouve que cette couleur « post-funk » s’est imposée d’elle même, parce que c’est au confluent de nos goûts musicaux et de nos façons de jouer.
6) L’intitulé de l’EP suggère t-il l’idée d’une remise en question, en lien avec la situation sanitaire et politique actuelle ?
Oui bien sûr. Ce titre nous vient d’une oeuvre de Stefan Brüggemann qui a réalisé l’art-work du EP et nous l’avons choisi parce qu’il semble nous poser une question plus qu’il n’apporte de réponse. Notre musique est comme ça aussi. C’est aussi une aspiration à l’espoir, l’espoir est subversif.
7) Le clip de Distant call est très live, aussi dansant qu’obscur puisque joué « underground ». Illustre t-il un désir de jouer avant tout, de faire dans l’enjoué funky, d’amener à se trémousser en dépit des circonstances ? C’est ce que je fais de A à Z, en tout cas, à l’écoute !
Oui c’est ça! Il paraît que danser stimule nos défenses immunitaires, en plus! Alors il ne faut pas se gêner, il faut résister à la morosité, danser dans la nuit; c’est un exutoire, un acte de résilience.
8) Mathieu, qu’est-ce que ça fait de passer d’un chant en Français presque cold-wave à de l’Anglais funky dansable à souhait ?
I feel good!
9) Waiting in the park livre en son début des sons à la Lescop, de type La nuit américaine. Difficile, j’imagine et pour le coup c’est réussi, de ne pas « injecter » une pincée de Lescop dans ce qui est actuellement projeté ?
C’est une chanson qui parle des junkies qui errent dans le parc situé à côté de notre studio de répétition, on se sent un peu impuissants lorsqu’on passe devant eux qui grelottent sur un banc. Ca nous fout un sacré coup de déprime à chaque fois: on en parlait, et on a décidé d’écrire une chanson sur eux. Une chanson c’est pas grand chose mais c’est une sorte d’incantation, en espérant pour eux qu’ils vont se sortir de là…
10) Que prévoyez-vous pour la sortie de l’ep ? Je suppose qu’au vu des circonstances, il est difficile de se projeter : avez-vous des idées pour parer à la situation ?
Nous avons personnellement concocté un antidote au Coronavirus dans un laboratoire secret, cette crise sanitaire sera bientôt résolue grâce à nous.