Tabatha Crash te clashe, Tabatha Crash est noise et noisy, post-punk, un peu post-hardcore aussi. Il a déjà éreinté les rivaux avec un cinq titres éponyme (24 novembre 2017). Ses membres (Thierry Cottrel, batterie/Geoffrey Jégat, basse/Benoit Malevergne, guitare-chant) ont derrière eux un chemin prolongé, se connaissent soniquement bien et quand ils se retrouvent, mettent un barouf’ qui fera péter les fenêtres. Avec ce Twist qui inclut pour sa part six morceaux, ni dentelle ni flanelle. Ou juste ce qu’il faut, pas plus. Fearless fait son Condense, c’est une grosse pierre lancée dans la mare indé. A l’issue de son début, il sonne cold de par sa basse Curienne, puis ses guitares balancent des giclées nourries. I lose my temper, chante Benoit. Il y a actuellement -et pas seulement- de quoi, j’ignore si l’ep a été conçu en réponse à la conjoncture actuelle mais ce que je sais, c’est qu’il mêle magistralement, sur ce titre d’ouverture, tempérance et parties lestes, ou plutôt lestées, et rapides. On est sonné, l’introduction lancinante nous fait tomber du perchoir mais très vite, elle prend de la vitesse.
On se retrouve, chant éructé à l’appui, dans une parfaite succession entre coups d’arquebuse et plages qui freinent. C’est du costaud, le Crash de Tabatha est puissant et plutôt Cash, bruyant. Mais il ne tourne pas le dos, de temps à autre, à de belles étoffes. Ses brèves accalmies en réhaussent la portée (Safe). Elles se suivent de bourrades sans manières, qui tout en envoyant feront gigoter les troncs. Dignes d’un parcours qui les a forgés, les complices anoblissent la noise. Les vocaux répètent la même phrase jusqu’à l’enfoncer dans les têtes. On ne demande pas mieux, Tabatha Crash se place avec ses nouvelles réalisations au dessus du tas.
Mate me fait penser, lui, à Fugazi. Même urgence, même impact, même groove, même motifs décisifs. C’est peut-être bien le morceau le plus mélodieux, le plus « clair », malgré des penchants naturels à faire dans le sauvage de tout premier ordre. Un Ranalmoore (j’ai contracté, ça va plus vite) adorerait, s’il les entendait, ces guitares perforantes qui savent, également, s’adoucir. Big Joe les laisse entrer en crue, puis redescendre. Alliées à une rythmique capable d’investir tous les terrains, à un chant qui ne se cantonne pas au wild exclusif, ça donne un EP remarquable. D’autant qu’à l’intérieur d’un seul et même morceau, on n’hésite jamais à changer de braquet. On est loin, très loin, de l’ennui. Twist twiste, c’est un fait, il shout aussi. L’écoute se fait d’un jet, elle semble ne durer que très peu tant les morceaux sont bons.
Le dernier de la portée de six, Kids, voit sa basse ponctuer un ultime tir, donc, où une fois encore, force de frappe et atours plus médians se tirent la corde. C’est, néanmoins, l’option frontale qui domine sans bouffer tout l’gâteau. Tabatha Crash l’a fait maison, aussi savoureux que les crêpes au rhum, bien gorgées de ce breuvage, que ma grand-mère me préparait. Après ça t’as plus faim et t’es régalé. J’arrête de digresser, Twist est un sommet de son genre et il n’y a absolument rien à redire à ça.