Zézette, c’est Robin Dufour (Batterie, voix), Aymeric Mordrelle (Basse, voix) et Thomas Lefebvre (Guitare, voix) qui, ensemble et dans un bel ensemble, font ce qui bon leur semble. Et c’est en l’occurrence l’histoire d’un félin domestique qui relève leurs créations, barrées et d’humeurs changeantes. Raoul mon amour, leur album qui fait suite à une démo nommée Zézette (30 novembre 2018), part en effet dans tous les sens, après s’être fait narratif sur l’éponyme Raoul mon amour qui ouvre le bal. Un morceau grave et fin, qui use d’images et met l’animal en étroite relation avec le quotidien de ceux qui le côtoient. On sent, sous-jacente, la déjante qui, vite, va se libérer. Des voix façon Chaussée aux Moines (pardon…) s’incrustent. L’ornement reste fin, il tend cependant à rompre. Une sorte de post-rock bourru et noisy caractérise ce premier jet, à la terminaison abrasive. Catman, délire total et explosif sur le modèle de Batman, fusionne et math-rockise allègrement. Ca me rappelle Le Singe Blanc, gang messin génialement perturbé lui aussi.
On l’a compris, la norme est ici sévèrement mise à mal. A l’arrivée, ça nous donne un rendu libre et déchainé. Primus et Mr Bungle en verdiraient, en plus le bazar est foutrement bien joué car pour maîtriser tout ce délire, faut pas être un manche (sauf de guitare éventuellement). Les mecs mènent ça à la baguette (de batterie), Michel pulse et chante sur un ton presque enfantin. De parties speedées en fracas noise, on breake et ça se fait presque jazzy, ce foutoir plein d’espoir. Et voilà que la sarabande funky, tarée et vigoureuse, repend les commandes. Les voix délirent, pour le pire? Non, pour le meilleur. Car Raoul mon amour, sous couvert de déjante non dissimulée, est extrait d’un bon fut (de batterie?). Mais qu’importe le flacon…(vous connaissez la suite).
Quatre étoiles (il les vaut) développe une trame brouillonne, floue et triturée. Le code de la route grille tous les feux, commet l’excès de vitesse, percute le décor pour ensuite regagner la route, escarpée. Il braille, déraille, il est de taille. Une fois sa beuglante passée, il retombe, devient nettement plus climatique. Tout ça passe comme une lettre à la poste (quand elle fait le boulot…), les trois musiciens continuant à tenir un registre pourtant complètement débridé. Un peu comme un animal qui, si on lâche sa laisse, fait le fou pour ensuite revenir auprès de soi. Les cigares du pharaoul dérape à son tour, dinguerie aux teintes dépaysantes, surfisantes, venues d’ailleurs de toute façon. Un ailleurs pas si lointain puisqu’il résulte, avant tout, des divagations « psychiatriques » des contrevenants. On s’en régale, c’est pas ça qui va nous filer la gale. Tout au plus, à force de se secouer le bocal, chopera t-on un vieux mal de crâne. « C’est la chenille qui redémaaaare! », clament les barjots. On s’amuse comme des fous, on entrevoit alors l’heure où la fiesta devra se terminer.
Rideau et dodo? Hum, ça va êt’ dur. Alors pour laisser une trace (de griffe) encore plus profonde, Planchat débute tranquillou, à l’amorce donc de ses neuf minutes de durée. Et vlam!, il se boursouffle, riffe cru et vrille soniquement. Il retourne après ça à des abords plus peinards, si tant est que le terme puisse convenir à Zézette qui l’est rarement. On en ressort tourneboulé, sens dessus-dessous, mais avec la satisfaction d’une découverte de chez nous, encore une fois, qu’il s’agit de faire écouter illico presto à tout aficionado de zik hors-champ.