Fondé en 2018 par Izabela Izzy Rekowska (vocals, guitar), à laquelle se joignent Mariusz Dojs (lead guitar, vocals), Łukasz Mazurowski (bass guitar) et Mateusz Pawlukiewicz (drums), Izzy & The Black Trees vient de Pologne, de Poznań pour être précis, et besogne un rock aussi teigneux que feutré, que ce Trust no one judicieusement nommé décline sur huit titres rutilants et excellents. C’est le premier album du gang, il fait suite à un EP révélateur et de suite, le racé d’une PJ Harvey, ou d’une Patti Smith, colore le sulfureux et éponyme Trust No One. Voilà du rock batailleur, au chant en relief et aux instruments livrés à la colère, orageuse. Dans l’énergie déployée, on sait aussi se fendre de larges traces d’élégance. Le début promet, Trust no one n’inclut que huit plages mais chacune d’entre elles contribue à la grande valeur de l’opus. On breake sur des tonalités bluesy, puis le souffre revient. Ca fuzze de partout, on adore sans conditions. Picasso’s Octopuss est tout aussi enflammé, la classe du chant vient le relever. On est visiblement tombé sur un quatuor qui ne s’en laisse pas compter, auteur d’un disque aux griffes acérées.
After Dark, de ses teintes rock rentrées, j’entends par là retenues mais rugueuses, valide le ticket d’Izzy et ses acolytes vers une juste reconnaissance. King of Gardens se place dans l’entre-deux entre rudesse et finesse, semblable dans l’esprit à un Elysian Fields. Les guitares grondent, le rendu est racé. Mr. President livre un mid-tempo que Polly Jean apprécierait. Le tout est inattaquable, l’ornement sonore largement estimable. Les mélodies brillent, quand le groupe ne les passe par au filtre de ses éruptions soniques. Le discours se durcit, le rythme s’affole. On ne trouvera que du bon sur Trust no one, auquel on peut accorder notre entière confiance.
Scream Sea Lions, tendu, certifie la cohérence, la brillance impétueuse d’Izzy & the Back Trees. Tempétueux, il fait rugir, et reluire donc, ses mélopées. Il se saccade, la batterie cogne avec autant de souplesse que de mordant. L’embardée noisy arrive, on n’est de toute façon jamais complètement assagi. Au contraire, c’est le penchant « wild » qui prévaut. Strangers Allow retombe pourtant, étend dans un premier temps un climat aérien. Ca ne dénote en rien, le saxophone de Michał Giżycki vient feutrer puis faire dévier le morceau. Celui-ci offre, vite, des encarts volcaniques. L’alternance entre douceur et geysers sonores est de taille. Recommandable en diable, Trust no one présente une formation à laquelle bon nombre de distinctions seront très justement attribuées.
Kite Dancer borde l’ensemble, dans un calme trompeur. S’il reste plus ou moins posé, son fond menace. Ce faisant, il dégage une sacrée beauté. Il s’emporte sans se départir de celle-ci, revient à des atours tranquilles, s’appuie sur sa posture pour conclure magnifiquement. Izzy & The Black Trees, pour un tout premier jet longue durée, réalise un sans fautes qu’aucun telps faible ne viendra troubler ou atténuer.