Groupe punk-rock de Toulouse, Kurt 137! a largement tourné, de 88 à 92, avec des formations comme OTH, Parabellum, Les Garçons Bouchers, Les Rats, Killing Joke ou encore les Stranglers, les Damned ou…Les Thugs. Depuis, sorties et péripéties liées à la vie de groupe n’auront qu’assez peu entamé, malgré un creux prolongé à partir de 1992, l’avancée du projet. Et Kurt 137! s’en revient avec un EP six titres où, sous couvert de mettre en avant la gente animalière, il surligne à coups de rythmes effrénés les travers récurrents d’un humain à la dérive: Les terres brûlées. Moitié renard moitié loup déboule, certes on trace sans trop mater derrière mais l’efficacité est de mise et on dénonce comme il se doit. Il y a matière…et si l’originalité n’est pas forcément au rendez-vous, Kurt 137! parvient à balourder des morceaux de qualité dans la mouvance qui est la sienne. Les oiseaux de proie évoque les rapaces, ceux de notre caste bien sûr. Si on prête l’oreille, on se rend compte que de plus, les mecs du sud ne font pas que filer droit devant eux.
Tom Dca (batterie/choeurs), Ji Luk (guitare/choeurs), Pat Kore (chant) et Nico Slack (basse) assurent un ensemble solide, donc, quand bien même le propos sent le déjà pratiqué. C’est l’inconvénient du genre, cependant L’instant magique confirme la bonne tenue du tout. Il aurait été surprenant, s’agissant de tels routards, qu’ils plantent leur ouvrage. Des choeurs allègent certains titres, on imagine de plus assez aisément l’impact scénique des bonshommes. Il faudra, certes, faire preuve de patience. Mais le moment sera à coup sûr énergisant.
Respire, après une entrée en matière groovy et subtile, galope, part en trombe et finalise un instrumental bourre-pif aux bruits de sirènes qui sonnent la charge. Une minute vingt « pis c’est bien », pas le temps de faire dans la démonstration. On revient à du chanté vindicatif, ensuite, avec Camarade humain. La race humaine en prend pour son grade, un peu crade. Ces dernières années, Kurt 137! s’est rodé au live et forcément, ça entretient son homme. Le morceau breake, presque, sur un ton dub. Bonne idée. On dézingue, et là aussi il y a de quoi déblatérer, les promesses non tenues par tous ces hurluberlus. C’est le mérite du punk-rock; sans réelle singularité, mais avec du savoir-faire, on met à bas les manquements des « sphères » de la société.
Ca peut paraître redondant, certes, mais c’est toujours d’actualité. La vengeance du chien aveugle, pour finir, évoque un retour de bâton. Kurt 137! poursuit son bonhomme de (long) chemin sans flancher: on ne contestera surtout pas sa légitimité que Les terres brûlées est loin de consumer, contrairement à ce que pourrait indiquer le cliché ornant la pochette intérieure de l’ep.