Projet solo d’un Max Balquier au parcours probant, passé entre autres par Frigo et You, Vicious!, Brazzier voit ce dernier prendre une direction différente de celle empruntée avec les formations précitées. Ici, en effet, c’est l’investigation autour de sons électroniques qui prévaut. On n’en oublie pas, pour autant, l’esprit rock (bien ouvert) qui a animé le bonhomme des années durant. On le retrouve, en filigrane, sur les huit titres de Lignes Futures, écrits et composés la nuit, mixés et masterisés par Sébastien Lorho (Marquis de Sade, Dominique A, Octave Noire …). Ils illustrent, à l’aide de mots inspirés, les états d’âme de Brazzier, mais aussi ses obsessions et désillusions. Un calepin de vie sonore, en quelque sorte, qui dès L’instinct, chargé d’amorcer l’épopée électroïde, se met en évidence. Vocalement, on songe à Bashung; dans l’ornement on a droit à des trames alertes, vaporeuses aussi, qui attirent. Le suivre et le fuir sont de mise, d’emblée on note l’intérêt des phrases et phrasés. On breake, l’entrée en matière est aussi enlevée que saccadée, un brin céleste également. La fin fuse, galopante. De ses lettres et sons, Brazzier présente un univers intimement personnel. Lune de sang, lui, tend plutôt à l’envolée lente, spatiale et songeuse.
Balquier parvient, pour le coup, à unir mots et sons avec agilité. Tambour battant nous renvoie à son électro nébuleuse, nuptiale. On comprend, dés lors, l’influence de la nuit sur le travail de celui qui a même, récemment créé son label: Binaire Ordinaire. Son album, lui, n’est pas ordinaire. D’ambiances atmosphériques à des temps plus marqués, il en vient à un bel équilibre. On pourrait citer, régulièrement, ses éclats verbaux. Une belle surprise assurément, qui jalonne une évolution judicieuse. J’écoute la nuit, générateur d’insomnies, troublera nos sommeils. Ce soir encore….
Dans ce Brazzier, le musicien attise les flammes d’un quotidien en proie au doute, aux certitudes écornées. Parachute, comme pour freiner la chute justement, balance de la séquence. Nous voilà une fois de plus embarqués, Parachute accompagne la descente à l’aide de motifs dégressifs. On atterrit, ainsi, sans heurts. Du moins le croit t-on car après ça, l’électro de Brazzier reprend de l’altitude. Le registre n’est pas linéaire, son cheminement un tantinet escarpé mais, au final, accessible. Oublions, oublions, qu’on gardera pourtant en mémoire, parle d’oublier les images et les sons. Pas question, c’est ça qui nous fait exister. Ou surnager. Ou, parfois et je n’en disconviens pas, couler dans les abimes du désenchantement. Il n’est question ici, de toute façon, que de ressentis. On leur trouve un bel écrin, ça les fait passer et même, ça leur donne belle allure. Je suis, qui le suit, chante l’optimisme. Son rythme varie, ça ne l’empêche pas d’être. Il s’emballe, gagné, certainement, par une poussée de joie. Je suis, c’est un peu ce que Brazzier insinue au détour de ses morceaux.
Le dernier d’entre eux, L’Equation, avance sans hâte. Son propos n’est pas rose, mais lucide. Sa fin, triturée, donne des airs expérimentaux à la terminaison de Lignes Futures, que j’attendais et désirais un poil plus frontal mais qui, armé de textes élevés et d’ambiances souvent engageantes, permet à Brazzier, et à son géniteur, de prendre un nouvel élan prometteur.