Groupe d’Amiens, où siègent un certain nombre de projets valeureux, Black Smoke Celebration est né des cendres de PurpleMonkey WashingMachine, clan rock ayant sévi dans quelques festivals loco-régionaux et s’étant entres autres fendu d’un ep de choix, nommé Black soap. Si chez ces derniers la flamme était clairement offensive, avec Black Smoke Celebration le répertoire se « folkise » avec joliesse sans, cependant, se départir d’un certain impact. The price to pay, le tout premier EP de la clique picarde, illustre bien ça et Each day, qui me rappelle de manière enthousiasmante les Pearl Jam, Alice in Chains et autres Soundgarden lorsqu’ils mêlaient adroitement électricité et touches plus douces, crédite déjà les bonshommes. Rage et mélancolie exaltée croisent le fer, le rendu est 90’s dans le son et bien équilibré entre ferveur et relents plus folk donc. C’est à nouveau perceptible sur You, où le ressenti chanté est presque palpable, le fond changeant au gré des humeurs vocales déployées. En qualité, on parvient là à égaler les plus que bons Your Own Film, de la même cité amienoise. C’est dire la valeur de l’ep, de ce morceau où le rythme, passé les trois minutes de durée, prend de l’ampleur et l’instrumentation rugit davantage.
Ca amène aussi inéluctablement, tout ça, un constat récurrent: à « Omiens », les bons groupes pullulent. Black Smoke Celebration en est bien entendu, on a face à nous des gaillards au vécu porteur. Lie to the sun, subtil, s’habille de notes bluesy qui l’embellissent. La voix est ample, l’écrin chatoyant. Black Smoke Celebration apporte la preuve, sur ses cinq titres sans défauts, de la pertinence de sa mue musicale. Son Take it back, entre parties enflammées et encarts plus tranquilles aux guitares volubiles sans trop en faire, m’amènera à vous conseiller l’acte suivant, que vous serez loin de regretter: vous ruer à la Malle à Disques, à Amiens, où l’ep est en vente. Ou, tout simplement, l’acquérir en contactant le groupe.
Ce conseil/injonction effectué, Gasoline et sa dynamique folk dépouillée, aux chants unis, fera à nouveau reluire le carnet de songs du groupe. Ceci au son d’une colère, ou plutôt d’une ferveur acoustique, tirée à quatre épingles. Le tout a été enregistré par Béranger NAIL et Romain FLANDRE, la magnifique photo de la pochette (on dirait, quelque part, notre monde qui prend l’eau) émane de David LEMOINE, qui tient ici la guitare et assure les choeurs en y mettant du coeur à l’instar de ses collègues de jeu. L’affaire est pliée, plutôt rondement menée. On est là entre gens qui s’entendent et s’y entendent, capables du meilleur et détenteurs de morceaux solides.
Le seul « hic » tient en l’impossibilité, la plus brève possible on l’espère, de les voir s’exprimer sur les planches. Ce son là, en plus de s’écouter, se vit aussi en face à face, dans la vérité et l’émotion de l’espace scénique. Dans la perspective, The price to pay, s’il constitue le prix à payer pour enfin profiter d’un set des acolytes, mérite largement qu’on y abandonne quelques pesetas. En plus de faire croître la scène locale, il dévoile une formation à prendre en considération et en haute estime.