Pour son premier album, The Four Five Three, The Jacques « from London » se sert de guitares rêvassantes ou plus dures, de mélodies sucrées mais qu’un arrière-plan sulfureux orne régulièrement, pour asseoir sa patte. Nourri par un quotidien chaotique, affecté par la perte du bassiste Will J Hicks en mars 2019, le groupe se poste entre indie-pop-rock et dream-pop bien façonnée. Il joue avec les climats, les relie parfois dans une seule et même chanson. Born sore, première des treize compositions offertes, se retient. Vénéneux et assombri, il reste sur un ton bridé mais qui lâche les décibels, et amorce dans l’excellence un opus qui, on le verra vite, tient ses promesses et se montre à la hauteur. Kiss The Pharaoh se découpe lui aussi dans une étoffe indie patinée dans ses mélopée, mais dotée d’une belle rugosité. Les guitares jouent de belles parties, le sucré-salé musical des Anglais leur va à merveille. Des élans 90’s émanent du disque, c’est loin de gâcher l’affaire. Swift Martin et ses gimmicks décisifs en introduction, ses riffs crus drapés dans une atmosphère spatiale, rafle la mise et confirme la haute tenue du trio d’amorce.
Il sera rare, ici, que l’intérêt se démette. La fraîcheur poppy de Do Me For a Fool, sa vivacité mélodique, en font un nouvelle réussite. The Ugliest Look, ave ses airs de Weezer british et ses sons enivrants, laisse ses six-cordes envoyer comme on aime. The Jacques tient les rênes d’un équilibre entre force et jolie teinture qui fait l’une de ses aptitudes. Count On Me Pt.1 marie tempo hip-hop et grattes souillées, auxquelles le chant pur se confronte. Des sonorités déviantes s’incrustent, puis les airs épurés reprennent leurs droits sur Tiny Fuzzy Parasite…avant que des bourrades noisy ne viennent fissurer le morceau. Cradle, fort de volutes célestes, souffle une pop ludique. Count On Me Pt.2, plus lourd qu’un pavé, suit un sentier psyché-sonique flemmard. Le registre, on l’entend bien, n’est pas du tout figé.
Le ton est Britton, bien sur, mais le panel indé troussé par The Jacques est très ouvert. Holy Mamacita est fait d’une pop sombre et légère, au vocal délié. La fin d’album marquera t-elle, comme c’est le cas sur nombre d’albums, une baisse de régime? Surtout pas sur Hendrik, qui file en mode pop-rock à guitares façon Fountains of Wayne, un brin cuivrée. Il y a de la qualité dans ce que fait le quatuor, qui pour un premier essai étendu frappe fort. Taste the Mexican Sun fait le doux, cuivré come son prédécesseur. C’est une nouvelle pépite, posée, qui prolonge The Four Five Three. Que God’s Lick, pour conclure, saupoudre de ses abords fins lentement déclinés, ponctuant donc une terminaison certes moins directe, mais à l’attrait préservé.
Mention bien donc, voire mieux encore, à ces ressortissants de la capitale anglaise qui parviennent, de bout en bout, à signer des compositions attrayantes. On découvre par la même occasion, de surcroît, la structure Modern Sky records, où siègent d’ores et déjà une poignée de combos eux aussi de grande valeur.