48ème (si si) long format paru en son nom, le Rocks de Kim résulte d’un enregistrement de 2014, que le bordelais voulait originellement hard-rock. Auditionnant le rendu, Kim le laissa alors de côté et c’est le confinement, mis à profit de belle manière, qui permit à l’inlassable musicien de lui donner les atouts souhaités pour en faire un album…de rock, tout simplement. Mais pas n’importe quel rock, comme on peut s’en douter s’agissant du sieur Giani: du pur jus, joué en trio serré, avec l’appui de Blondine Morisson: bass, voice et Ollie Joe: drums. Suivant un panel large, garage, hard circa 70’s, touches blues et dynamisme souvent incendiaire embrasent ce disque bien nommé, qui sort ce jour en cd, k7 et digital sur Super Apes, et qu’il importe d’acquérir. Parce qu’ici, il n’y a en aucun cas tromperie sur la marchandise. New friend girl (feat Blondine) griffe déjà, dépose un rock fiévreux que le chant de la dame vient féminiser avec à propos. It rocks!, serait-on tenté de dire, sur un format court qui laisse l’efficience se propager. Here comes my baby, au nerf blues-rock d’époque, se chargeant de tirer une seconde salve elle aussi typée.
On est de toute évidence dans la vérité d’un registre excitant, où les guitares s’offrent quelques solos bien ficelés. On breake ici et là, après ça la machine repart à plein régime. Ce Rocks pulse et donnerait du fil à retordre à bien d’autres combos au rendu édulcoré. Il s’enflamme régulièrement, on y laisse à peine le feu retomber. 1000 years, bluesy et rythmé, évoque les 70’s dans le chant. Kim et ses parfaits acolytes ratissent large, naviguent dans les ères d’un rock qu’il maîtrisent parfaitement et qu’ils envisagent sous son jour le plus vrai et dépouillé. Pas d’artifice et pourtant, on met régulièrement le feu. Macadam vacarme (bien vu le titre) livre des wo-ho-ho-ho savoureux et frétille, dansant et racé quand les six-cordes viennent le ponctuer de leur envolées. On a à faire, en l’occurrence, à du high-energy qui ne néglige pas la mélodie (Muriel), joué par un groupe où personne ne tire la couverture à lui. No soul, à l’issue de la face A de l’objet, vaut entre autres par ses riffs à l’allant funky, mais aussi par ses embardées mordantes, classieuses itou.
La face B débute, elle, par un Lily Catastrophe (feat Blondine) finaud et joliet. On s’en fout un peu si l’énergie retombe, on a en déjà une pleine brouettée et le morceau s’adjoint sans forcer au contenu déjà écoulé. Soldiers of creation affine également le propos, sa ritournelle vocale est de choix. T’façon, Kim déteste le rock’n’roll. Il le prétend ouvertement sur le titre suivant. I hate rock’n’roll donc, sauvage et complètement en phase avec son appellation. De chansons façon « coin du feu » ou presque, on repasse directement à du frontal fatal, sans atermoiements. Il y a de quoi headbanger et Kim, du haut d’une discographie élargie et plus que fournie, nous en met plein les feuilles. Au moment où beaucoup optent pour la sagesse, il termine son Rocks sur un Ice cream débridé de A à Z. Colérique, rapide et pénétrant, il s’étale de plus sur neuf minutes qui oscillent entre le wild à nu et des tempérances qui testent dans le rouge. Ca marque son homme, au fer rouge d’un final ravageur. L’union fait la force, il va de soi que ce Rocks naît d’un clan soudé et performant, sans jamais se la raconter.
Dans l’attente de la prochaine sortie du label nantais, un Jorge Bernstein and the Silky Birds of Love qui devrait sortir à la mi-décembre et vaudra tout autant l’estime poussée, Kim exhume donc un album de rock exemplaire, crédible du début à la fin et constamment impactant. Référence!