Elle est Turque, elle est belle, elle appelle à s’insoumettre. Elle flirte autant, musicalement, avec le rock psyché mordant qu’avec le folklore profondément ancré dans son pays. GAYE SU AKYOL, déjà dépositaire d’un excellent et très pluriel İstikrarlı Hayal Hakikattir (octobre 2018), revient avec un trois titres savoureux, lui aussi divers et envoûtant. Celui-ci précède, nouvelle pour le moins réjouissante, un album destiné à sortir au printemps 2021. La stambouliote, honorée par Iggy lui-même, The Guardian ou le New York Times, y fait la preuve, une fois de plus, d’un talent et d’une ouverture qui auront raison des plus résistants. Elle a pris part à des festivals de renom (Roskilde, WOMAD, Le Guess Who?…), bénéficie de l’appui de diffuseurs radio de taille (FIP, BBC, WDR Cosmo, KEXP…), et a raflé le BEST ARTIST Award de Songlines en 2019. Si cette ribambelle de distinctions peut parfois inciter à la méfiance, j’ajouterai pour finir sur ce chapitre que la belle est signée chez Glitterbeat. C’est un atout supplémentaire et l’écoute, qui débute par un İsyan Manifestosu au poing levé, taillé dans un rock « Turkish » et incisif, enfonce le mot, et la note, d’un rendu éloquent.
S’il fait, déjà, danser, le morceau nous emmène aussi à l’ivresse sonore. Il dépayse bien sûr, GAYE SU AKYOL est bien loin de mettre ses racines sous terre. Ouverte d’esprit, ayant grandi dans un Istanbul au cosmopolitisme certain, elle s’appuie sur cet acquis pour viser juste, et nous servir un second essai qui, de guitares dures en salves dansantes, en effluves cuivrées, la consacre (Bittim Ama Tamamlanmadım). A deux pas de chez moi se trouve le Safran, lieu culturel très world, à la programmation toutes oreilles ouvertes. Je la verrais bien, cette magnifique musicienne qui à elle-même assuré la composition, les paroles et la production de son EP, investir le lieu. Ca lui irait à merveille.
Trois titres, me direz-vous, c’est court. Mais quand ils ont cette portée, on se les rejoue jusqu’à tomber. Şerefe, chargé de conclure l’ep, met en avant la resplendissance vocale, et la musicalité, de Yort Savul: İSYAN MANİFESTOSU!. Folklorique et pourtant moderne, cuivré encore, doté de touches gentiment surf, c’est bel et bien la troisième perle d’une sortie, uniquement numérique mais qui vaut notre fric, de tout premier ordre. On attend fébrilement le disque à venir, on réécoute celui cité en début d’article et bien évidemment cet EP sans faiblesse aucune. Glitterbeat compte en ses rangs, incontestablement, un fleuron de plus à suivre à la trace tant musicalement que dans ce qu’il tente d’impulser.
Photo: Aytekin Yalcin.