Déjà encensé, ici, pour son The Tangible Effect Of Love (2012), The Loved Drones a depuis sorti Good Luck Universe ! (2014), un six titres que j’avoue ne pas connaitre, pour revenir aujourd’hui avec un flamboyant Conspiracy Dance. L’effort est très collectif, Brian Carney : Vocals, Jupiter 8/Jerôme Danthine : Drums and percussion/Pascal Scalp : Bass/Benjamin Schoos : Guitar, Bass, Synths, Drums and percussion/Bernard Mazet : Guitar/Marc Wathieu: Guitar/Jerôme Mardaga : Guitar/Fabrice Marotta : Monophonic Synth solo on ‘Conspiracy Dance’/Phil MFU : Synths on ‘Baphomet’ et les Conspiracy Dance backing vocal girls, soit Line Brasseur, Claire Wilcock et Emmanuelle Kaizon, y oeuvrent communément pour, au final, nous pondre un opus de haut vol, psyché et multiformes. Né des balades de Brian Carney dans Liège lors du confinement, l’album est fait d’une « pop sous hélium », come le dit la bio, qui enivre et chloroforme comme elle peut, parfois, se faire piquante. Piquée à la dope sonore façon Spacemen 3, Lights inaugure le bazar, déjà, de manière passionnante et lancinante. Si le come-back discographique de la clique belge m’a d’emblée fait effet, c’est bien sur sillon que celui-ci est le plus probant. My name is sky, plus marqué, s’entoure de claviers qui emmènent. Le vocal est racé, presque hip-hop. Mazette, les gaillards sont en (pleine) forme!
Conspiracy dance est beau, tiré à quatre épingles, mais aussi bien encanaillé. Il twiste et groove, prend l’air mais peut aussi le fendre. L’éponyme Conspiracy dance est vivace, riffant, et dégage des airs bluesy-rock rudes que les choeurs font voleter. On n’en est qu’à trois titres, ma caboche en réclame déjà. The last night, délié mais grondant, ondule avec une telle grâce qu’on reste bouche-bée. La légèreté du morceau, son caractère et ses sons bien trempés le portent haut. The Day That Bryan Gregory Died, avec son rock surfy ombrageux, envoie la concurrence dans les cordes. Des mélodies vocales attrayantes s’invitent, on se surprend à les chantonner. Voilà une pièce maîtresse de plus, qui nous dépose au mitan d’un disque bluffant. Headhand, moins direct, offre un climat jazzy enfumé, à la voix narrative. Le trip est délicieux, l’équipée soudée chatouille le très haut niveau.
Empty, riffeur à l’instar de Conspiracy dance, envoie un psychédélisme appuyé, sonore et poppy sans être trop poli, que le chant renforce encore. On n’a pas fini, comme avec le dernier King Khan, de s’envoyer ce son divin à fond les manettes. J’entends du Primal Scream dans ce titre, conscient toutefois que The Loved Drones ne doit rien à personne sur le plan des influences. Il construit ses bases « à la lui-même », lesquelles campent des édifices sans défauts. Quarantine, groovy de par sa basse, donnera chaud aux corps. A la fois détendu et acidulé, il sert des sons aériens, en vagues et en boucles, à l’effet prolongé. The Loved Drones s’est transcendé, Baphomet se déploie sans hâte, sûr de son impact sur nos sens. L’ornement, à nouveau, est remarquable. L’arrière-plan est sombre, le chant pourtant assez posé, entêtant cependant quand il répète ses mots. Hypnotique, ce Baphomet scelle l’imprenable qualité de l’album. Et comme si tout ça ne suffisait pas, il nous reste pour conclure un énorme A firework exploding.
Alerte et bien rock, valable de par ses chants associés, ses choeurs sucrés et guitares bavardes, ses bruits malins, il s’intensifie, s’affole rythmiquement. Il décélère, ça permet aux bruitages de décor de s’insinuer de façon encore plus marquante dans le décor. En sa fin, on a droit à un tonnerre rock jouissif, à l’image d’une rondelle captivante de son A à son Z et sur ses deux faces. Magnifique « et puis c’est tout ».