Lillois, Temps Calme s’articule autour d’ Olivier Desmulliez (Ed Wood Jr., l’Objet…), Samuel Allain aux claviers (Black Bones) et Nicolas Degrande à la batterie (Roken Is Dodelijk, Louis Aguilar). Suite à un premier EP, numérique, au printemps 2019, le trio se fend d’un album, Circuit. On y trouve, surprise à prendre en compte, une pop indé psyché, mâtinée de kraut et d’électro, qui n’hésite pas à s’envoler. Des pointes jazzy la renforcent, le Circuit suivi est un brin sinueux mais on l’empruntera jusqu’à son terme car le rendu, décalé, est d’une belle cuvée. Le groupe est tout jeune en termes d’existence, ses membres, eux, jouissent déjà d’un parcours éloquent. Ils concoctent, ici, des pièces dont la première, Aquafalling, s’élève sous l’impulsion de chants paisibles et de volutes psychédéliques, trouées par des guitares célestes et un nuage de sonorités nouvelles. On voit l’horizon se ternir, mais l’amorce demeure belle et spatiale.
Emie arrive ensuite, mélodieux dans les voix, doté de douces secousses. On décèle, chez Temps Calme, une propension à broder des envolées de classe. Qui, avenantes mais attirantes, constituent une partie de l’identité naissante mais croissante du groupe. Dancing owl, fin mais attisé, donne le change et accroit ce sentiment d’avoir là une affaire à part, animée par le souci de faire fi des pistes usuelles. Solheimasandur, à la manière d’un Sigur Ros, se trimbale entre les nuages et dégage des airs peaufinés, brumeux autant que ouatés. Il n’y a plus qu’à s’y laisser prendre, le morceau offre ensuite des embardées électro spatiales façon Yeti Lane. Le décor, derrière, est flamboyant, un tantinet nerveux aussi.
Bunny Breckinridge, après ça, se montre plus appuyé. Kraut, psyché, pop dans les vocaux, léger mais rythmé, il breake sombrement. Au gré de son errance, Temps Calme découvre des endroits inconnus, enfante des sons imaginatifs. Aiko n’entend pas redescendre, les nordistes insistent sur cette voie interstellaire qui ne constitue pas qu’un Temps Calme. Leurs petits tourbillons obsèdent, leur approche leur vaut de signer un (très) bon disque, qui occasionnellement, et c’est le cas ici, s’enrage un peu. C’est un voyage, prolongé, qui nous attend au moment de coiffer le casque. Monstera marie le doux et le plus acide, ressemble à un ciel bleu d’avant la tempête. Ses voix envoûtent. Il est vrai qu’on n’est pas, globalement, dans la furie sonore. Mais l’adresse du clan, ses vertus à générer son champ sonore, lui font honneur. Mirrorball n’est pas plus offensif que le reste, mais fait valoir son velours sonique et vocal, assez imparable.
Sur la fin, Vampires fait dans la rudesse subtile. Marqué rythmiquement, il se saccade, exhale une psych-pop à nouveau bien pensée. Les guitares, et claviers, s’adonnent à des encarts de choix. Dans le Circuit de l’inédit, Temps Calme risque fort de rafler la mise. Il peut déjà se targuer, en tout cas, d’une personnalité affirmée. Ink, avec ses ruades bourrues sur lit de chant doux, de motifs posés/dérangés, et son final fougueux lui permettent de finir sans avoir démérité un seul instant. C’est assez rare pour être souligné et la trouvaille, d’autant plus agréable qu’elle est pour le coup nouvelle, vaut évidemment l’achat et bien des écoutes.