Projet d’ Emilie Célarier « from Dijon », qui à elle seule ou presque assure ici tout, Foxeagle évolue dans une musique aux relents noisy, doublée d’une prestance vocale large et racée à la PJ Harvey. Waves on water est si je ne me trompe le second EP de la dame, il inclut cinq titres qui saisissent de par leur « lancinance » et leur coups de bélier noisy comme au ralenti. Avec Constancy, on débute dans un douceur trompeuse. L’ombre guette, tapie derrière la lumière. Bien vite, les guitares se libèrent et délivrent des salves nourries, pesantes, que le chant relaie de manière songeuse. Et blam!, on est pris dans la toile. Enregistré en situation de post-confinement, l’opus sonne comme une douloureuse et libératrice libération. Ses coups de griffe en marquent la portée, la durée plutôt étendue des chansons les implante de façon d’autant plus prégnante dans la boite à sensations de l’auditeur. Stendhal (syndrom), comme chanté dans le crépuscule, prend ombrage et propose un fond troublé. La sensibilité écorchée de Waves on water fait qu’on s’y reconnait, pour peu qu’on ne soit pas du côté des installés à l’âme creuse et au quotidien insipide.
On aime donc, quand elles surviennent, les bourrades noisy. Leur impact est grand, Suits en prend le contrepoint, en son début, pour installer des notes apaisées. On flaire toutefois, au delà de ces contours tranquilles, l’imminence d’une implosion. De chuchotements à la Kim Gordon en retenue intense, Foxeagle assied son oeuvre en cours. Sa beauté mordante dévie, comme pressenti, en un torrent dissonant. Ici Geoffroy Pacot (L’Engeance, Bélier Mérinos, Don Aman, La Ruche, pas un glandeur çui-là…) gère la basse. Ca sera la seule intervention extérieure, par ailleurs, du disque. L’objet est immensément personnel, il traduit fidèlement les ressentis de l’auteure.
Haunted land répète ses accords, avec lui on est en accord. Progressivement, il mue et s’obscurcit. On sent le tourment, la sortie d’un tunnel que les morceaux de l’ep illustrent fidèlement. Waves on water est sali, intense dans sa lente avancée. Il brille, ses notes se montrent ténues. Mais parallèlement, il montre les crocs et ne rechigne pas à les planter dans nos mollets. Foxeagle trouve là une posture digne d’intérêt, marquée par d’excellents titres. How long, le plus…long d’entre eux, impose son alternance entre saccades bruitistes et breaks rêveurs. L’EP est accrocheur, pas très serein et on le comprend sans souci; l’époque l’exige presque, mais elle trouve en l’essai de Foxeagle une retranscription de grande qualité.
L’issue, grondante, lacère le paysage. Foxeagle crédite la sphère indé, la cité dijonnaise, et démontre comme beaucoup d’autres qu’en nos terres, la valeur point à chaque coin de rue, derrière chaque formation désireuse de s’émanciper. Excellent EP, donc, que ce Waves on water susurré et colérique.