Angevin, hébergé chez Nineteen Something, Do Not Machine réunit les frères Belin (Daria, grosse référence), Alex (guitariste au sein de Zenzile), et Ben de chez Last Time Voodoo. On peut donc voir venir. Heart beat nation est le premier opus de la clique aguerrie, il sonne 90’s de façon réjouissante et combine adroitement attaques au bélier (Curious box qui ouvre l’album, avec une batterie en pleine course), mélodies brossées aux grosses guitares (l’éponyme Heart beat nation), passages nuancés-tempérés (Undertow, qui n’évoque pas forcément celui de Tool mais s’avère lui aussi réussi) et élans tranquillisés (Serious weakness). On pense régulièrement, à l’écoute, à Therapy?, Helmet ou encore les Foo Fighters. Do Not Machine égale ces formations sur le plan de l’impact sonore et mélodique, se passe de toute démonstration technique à la noix et va à l’essentiel. Il décline ici, sous des formes assez variées pour que l’album séduise, son goût pour un rock aussi teigneux que poppy, voire mélancolique. Il n’hésite pas à changer de braquet, A promise tient les siennes (de promesses) et exalte ses mélopées, sensibles.
La puissance d’un The host inside, clairement incisif, fait pencher la balance du bon côté. Do Not Machine privilégie, globalement, la force de frappe. On en arrive à ce moment à la face B de son recueil et il est audible que son disque, accompli, a tout pour plaire et ratisser large. On pourrait craindre, lorsqu’il s’adoucit, la perte d’intérêt. Il n’en est rien, ses élans pop sont valeureux (Happy Burial) et se montrent enlevés. On n’a pas pour but, ici, de révolutionner les genres. On vise, en toute honnêteté, en toute sincérité, à donner le meilleur de soi et on y parvient avec pas mal de brio. Serious weakness tutoie la tristesse -dans le ton-, il complète avantageusement un album qui refuse de se cantonner à une seule et unique approche. Le procédé ne nuit en rien à la cohérence du tout. Passé ce morceau délicat, subtil et retenu, Futile values a des allures de pavé incandescent.
Passé sa lourde amorce, pourtant, il fait son Deftones en mariant voix aérienne et embardées remontées. D’aucuns diront, ils ne se tromperont pas, que Do Not Machine pratique une mouvance déjà largement honorée ailleurs. Peu importe, tout ce qu’il fait est bon et mérite l’estime. Dans le genre qui lui revient, le quatuor fera partie des chefs de file. Son premier jet laisse d’ores et déjà augurer d’une carrière, si le projet dure dans le temps, aux sorties de choix. A la hauteur de sa ville d’origine, mythique, à la hauteur des groupes auxquels il renvoie, Do Not Machine riffe avec ardeur quand arrive Beyond the Trees. Son bel « indénervé », son rock de caractère touchent au but. D’atmosphères planantes en fougueux assauts, le clan se distingue et touchera un auditoire large, issu de la frange qui s’y connait. Il a la capacité, de plus, à panser les plaies après avoir mis les corps à rude épreuve. A grain of truth, appuyé, breake en restant impactant. On en est là au terme de l’effort et on se rend compte que pas une fois, l’envie de dérocher n’est survenue.
Photo: Bourgade Hortense.
On ouvre donc la porte, en grand, à l’avènement de Do Not Machine. Il passe l’épreuve, sans peine, du premier format étendu. Ca n’étonne que très peu, certes, au vu de son pedigree. Mais on s’en réjouit et Heart beat nation, après le formidable dernier opus de LANE, charpente efficacement au son de dix morceaux sans faille aucune, tel un orage dans un ciel d’azur, la scène angevine. Et, par là-même, renforce la bonne tenue d’une scène hexagonale qui fourmille de talents à propager partout où ça sera envisageable.