C’est en janvier 2018, que Laetitia Fournier (Raymonde Howard – Chant), Thomas Walgraffe (ThOmas.W – Basse) et Cédric Ampilhac (Batterie) se retrouvent autour du projet de Cyril Braga (Le Parti – Guitare) et fondent Saffron Eyes, à « Sainté ». Unis par le but, commun bien sûr, de perpétuer un rock aussi fin que pénétrant, redevable entres autres au post-punk, ils se mettent à l’ouvrage. Après une démo datant de mai 2019 arrive ce sept titres appelé Pursue a less miserable life (qui nous y aidera bien), où l’expérience de chacun sert le collectif. L’allant rock subtil mais affirmé de Springtime (with no harm) porte déjà haut le quatuor du Forez, il s’intensifie vite et brille de par ses choeurs. Le morceau est court comme nombre d’autres, ça permet de ne rien céder à l’ennui. L’amorce plait donc, on entre encore plus franchement dans le vif -du sujet et de l’impact- quand arrive Sad Helen. Instrumentation énervée, voix belliqueuse, beauté des plans sauvages animent l’essai jusqu’à le rendre indispensable, doté d’un final entièrement débridé. On s’en réjouit, sept titres c’est peu mais Saffron Eyes n’en « plante » pour le coup aucun.
Ainsi sur The eye is the limit, l’intensité retombe quelque peu. On en profite toutefois, et judicieusement, pour se livrer à un rendu plus atmosphérique, aux envolées éphémères. Une fois de plus, ça fait mouche. En plus de ne pas lasser, Pursue a less miserable life, dont l’intitulé parlera au plus grand nombre, ouvre son champ sonore. Le titre, passé les deux minutes, s’emballe. Bordel ma ptite Adèle, ça donne des ailes ce bazar rock un brin noise, parfois légèrement bluesy, teinté de pop dans ses jolis airs. Beat the gong souffle un vent 90’s, des mélodies finaudes mais rythmiquement agitées. Les voix se répondent, l’une vive, l’autre plus songeuse. Ca aussi, ça galonne le rendu. Il y a tout à prendre, donc rien à jeter, sur les compositions des quatre comparses.
Alors Sunset people, qui s’appuie aussi sur les chants alliés/en contrepoint, n’étonnera personne si sa teneur s’avère excellente. En pas même deux minutes, il suinte une sorte de cold-pop urgente, sans rajouts, qui fait son effet. Great expectations (l’intitulé me rappelle New Model Army mais on n’est pas dans le même registre que Justin Sullivan and Co), tout aussi vivifiant, agile et sobrement décoré, tutoie la portée cold-pop d’un Motorama. Pursue a less miserable life est un produit indé parfait, dans la droite lignée de ce qu’enfante son label, We Are Unique! Records. The boomtown jerk, lancinant, doucereux-amer, achève ceux qui peineraient à valider la série, sans défauts. Saffron Eyes débute bien, capable de nous servir un ouvrage exempt de rature.
Il va sans dire, pour finir, qu’on prend et qu’on y éprouve d’autant plus de plaisir que le projet est nouveau, porteur de promesses qu’on ne demande qu’à voir se réaliser. A l’image de Raymonde Howard, hébergée elle aussi chez We Are Unique! Records et signataire d’une discographie à posséder, Saffron Eyes détient toutes les qualités pour, prochainement et sur la durée, imposer ses textures au sein de nos scènes.