Lux Bas-Fonds vient de Clermont Ferrand, ville rock s’il en est. C’est bon signe. Il est justement rock, il fait dans le rock qui croque et attaque, lancé à toute berzingue…ou moins. Si on s’en réfère à son Bandcamp, Amnésie Internationale est son second forfait, après La forge qui fut commis en mars de cette année en compagnie de Géraud Bastar. On y trouve cinq titres, taillés dans un rock qui ne surprend personne mais réjouit tout le monde, commis par Géraud Bastar: chant, guitare; Lézard: guitare; Elvire Jouve: batterie et férailles, et Pat le Black: basse. Ensemble, les quatre bourlingueurs cumulent une longue expérience de routards…des Bas-Fonds évidemment. Leur rock de vice et de classe éclate dès Fracture (sociétale?), vicié donc, riffu, et pourtant subtil dans son déroulé blues-rock bien indé, bourru et abouti. On a à faire à des gaillards, et une gaillarde, qui savent faire. Alors faut pas s’en faire, ils assurent et Géraud, vocalement, fait le caméléon. Voilà une bonne entame, « subtilorageuse ». Celui du jour, qui la suit, faisant valoir des mélodies estimables, perverties par le ton à la Bashung du vocaliste.
On prend aussi, d’autant que le verbe est loin du creux affiché par bon nombre de gangs. Le morceau s’emballe, ses guitares ont la fièvre et sa rythmique décolle. C’est du bon, qui n’hésite pas à monter en tension. Pas d’étonnement donc à qu’après ça, se pointe un Amnésie internationale éponyme et crédible, que je situerai entre Trust et Parabellum. Un boulet bien senti, qui nous montre de plus que l’usage du Français, n’en déplaise à certains prétendus « grands connaisseurs », ne nuit pas à la valeur du résultat. Lux Bas-Fonds la joue vraie: il évite, de plus, de bûcheronner systématiquement.
Côté cuir, jazzy et enfumé, est subtil. Mais ses élans, adroits, sont mordants. L’atout numéro un du groupe est là, dans son dosage entre force et finesse. Et dire que ces combos là, méritants, n’attirent qu’une attention réduite. On préfère, dans le pays, plébisciter le tout-venant gerbant et insipide. La colère du titre en sa fin, salvatrice, catapulte toutes ces formations merdiques hors-champ, dans la fosse à purin qui leur est réservée. Lux, Bas-Fonds, tout ça est contradictoire dans les termes mais parfaitement complémentaire sur disque…et très certainement sur les planches.
A l’issue Ni dieux ni maîtres, insoumis dans ses mélopées apaisées, termine joliment. On saura s’en souvenir, de ce Amnésie Internationale par ailleurs bien nommé, quand viendra l’heure des bilans indé.