Issu de Créon dans l’aire urbaine de Bordeaux, très indé, potache parfois (l’amorce, dispensable, du clip de son excellent Too much indie), Goodbye 20 hello 30 existe depuis une dizaine d’années et affiche d’ores et déjà, tout de même, la « bagatelle » de 6 albums au compteur, celui-ci compris. Très peu connu -on imagine que là n’est pas son but premier-, il frise le haut du panier quand il s’agit, avec bruits et mélodies, de retranscrire l’euphorie indé des 90’s. Si tu aimes Weezer et ses mélopées bubblegum, Dinosaur Jr et ses coulis de guitare, Sonic Youth et son bazar noisy délectable, le nouvel effort des trois mecs, Look at me, te fera le plus grand bien. Tu y trouveras, les écoutant bien puissamment, 13 morceaux Too much (Mush? Bon ok j’me la raconte, petit clin d’oeil à Vicious Circle) indie pour le pimpin du mainstream, mais extrêmement profitables à ceux qui, tu en es et j’en suis, se dopent aux airs pop-rock pas trop propres, bien salis, qui se tiennent droit tout en produisant un bien bon boucan. The guilty, en amorce, sonnera comme un Sebadoh à nu, ou comme un Lou Barlow solo. Puis, bien vite, le bordel tout en joie et dérision du trio te gagnera. Hologram, aussi fort qu’un Nada Surf pour balourder des airs qui contentent, te placera sur la meilleure des voies. Tu entendras, aussi, des airs de Posies réjouissants.
90’s mon gars, t’étais prévenu. Friend of da week, morceau, de la semaine (?), te confortera dans ton plaisir. Les guitares sont belles, elles aiment cependant faire du sale. Tout comme toi, j’ai bien écouté et une conclusion m’est venue, sans appel: Goodbye 20 hello 30 fait partie de ces groupes qui mériteraient, tout à la fois, la reconnaissance et des appuis sérieux, de même que l’opportunité de jouer là où ça lui chante. Ses voix s’associent, ses ritournelles jurent mais restent élégantes. David L, tel un morceau de Garageland, étale ses reflets pop espiègles et sert de jolis choeurs. Too much indie, après ça, tubise et turbine à souhait. Joué dans une caravane, il bazarde encore plus. Hou-hou-hou,hou-hou-hooouuu…trop bon l’ machin!
Plus loin, l’éponyme Look at me joue sur la corde non pas sensible -quoique-, mais sur celle d’une douce mélancolie. Ca fonctionne, comme tout ce que fait la clique. On se régale, à vrai dire, sur cette enfilade de sucreries qui piquent le fond d’la gorge. Et puis les gars ont l’art de s’emballer, le calme n’est pas de mise en dépit de la douceur du dit titre. Sam, en ce sens, arrache et trousse une pop, vocalement, de classe. Closed eyes part.II sert d’interlude, psyché et trop bref. On s’en fout un peu; Lonely people, tranquille et charmeur, permet à Goodbye 20 hello 30 de reprendre sa marche en avant. Gregory, noisy, pèse et s’envole simultanément. Team valorise à son tour, dans l’euphorie pop piquante, ce Look at me bien ficelé. Dont les chants, bellots, font reluire le vernis. On est bien avec ce clan, on se plait à en écouter les chansonnettes qui tantôt s’embellissent (Beyond the sea, très subtil), tantôt pétaradent davantage…sans, toutefois, se départir de leurs beaux airs (le Oh Maria terminal).
A l’arrivée, malgré la visibilité de ses influences, Goodbye 20 hello 30 en arrive à faire se succéder, le fait mérite d’être relevé, treize compositions d’une qualité que personne ne pourra lui enlever, enregistrées lors d’un confinement à l’occasion duquel le combo n’a pas vraiment glandé. Comme quoi, je l’ouvre encore et c’est pas fini, on n’a pas besoin de se rendre « overseas » pour dénicher du bon. Il est là, chez nous, un peu partout. Curiosité aidant, il n’est pas si difficile d’y avoir accès et ceci étant fait, d’en faire connaître la valeureuse teneur à tous les coins de rue.