Basé à New York, JW Francis fait, parait-il, de la bedroom pop. Signé chez Sunday Best, il y sort en ce mois de novembre son We share a similar joy, prévu depuis belle lurette. Ceux qui auront attendu s’en féliciteront, le très actif adepte du DIY y dévoile des morceaux pop qui doivent vocalement, au Velvet et prennent de temps à autre, aussi, des intonations proches des Strokes. Si Home est atmosphérique, court, il précède Is that the one, vivifiant, cadencé et mélodiquement enthousiasmant. C’est le terrain de jeu favori du barbu, à l’aisance audible. Sa pop sautille, brille vocalement, s’ensoleille, touche au coeur et aux gambettes. Elle s’habille de sons qui attirent et retiennent jusqu’à engendrer un album sans défauts. Le rendu me fait d’ailleurs penser à Aurélien Bernard, ce Français exilé à Berlin auteur d’un somptueux essai, il y a quelques mois, sous le nom de 3 South Banana. Lofi, bien nommé, joue des notes charmeuses, use d’ingrédients réduits et ça suffit à le rendre attractif, accompli. Le son servi ici est un baume, une rivière aux eaux pop avenantes, dans lesquelles on trempe volontiers.
De douceur chantée en rythmes affirmés, on en vient à adorer la série de chansons jouées, dont ce Good time à la Lou Reed savamment orné…avec trois bouts de ficelle. Chatoyant, le décor compte pour beaucoup dans l’attrait exercé. La vigueur tranquille des essais, également, y contribue. All there calme le jeu, mais dégage de jolies formes. Tout y est beau, du chant, sensible, jusqu’aux sonorités qui le perlent en passant par la coolitude aux bons effets qui en ressort. Told you fait de même, sur un tempo plus poussé. Ce JW Francis est un bon butin, d’une pop espiègle et clinquante.
On en poursuit donc la découverte dans que le plaisir retombe. Everything progresse presque paresseusement, on y décèle des airs de Pavement. Lo-fi, mélodique, We share a similar joy nous fera partager, comme annoncé, une joie similaire. Celle d’entendre un album qui, de A à Z, enchante dans forcer, sans en rajouter. New York, l’une des pépites, selon moi, du disque, trace joyeusement puis breake en coupant l’élan. Belle et intégrale réussite, il laisse ensuite place à Simple thing qui s’appuie sur un déroulé posé. Avec, une fois encore, un décor remarquable. Rien à jeter sur les onze titres de notre homme, et surtout pas ce Gold qui ne dénote absolument pas dans la gondole, fort de son éclat poppy tonique. Le tout se finissant sur I’m down whatever, plus folk et toujours lo-fi, lascif, flemmard dans le chant, dont le second volet s’anime sans s’enflammer.
On a donc, au bout du compte, le parfait opus de bedroom-pop, nullement complexe, accessible et aux humeurs qui nous la rendent bonne (l’humeur). Impeccable pour ces jours de grisaille, raffiné et éloquent et, surtout, home-made donc complètement authentique. Le tout sans aucune démonstration si ce n’est celle d’une belle capacité à composer dans l’efficience.