Deuxième album du Soft People de John Metz et Caleb Nichols, Absolute Boys sort chez Sandwich Kingdom. On y trouve dix titres, taillés dans une pop qui, sous son raffinement enchanteur, pétille et suit, dans un premier, temps, une voie vive. New moon, qui inaugure l’opus, nous fait ainsi profiter de sons fins, mélodieux, avant de hausser le rythme et se faire plus dru. L’étoffe est belle, les chants purs. On est certes dans un format pop mais travaillé, peaufiné, qui nous évite le décrochage. Il y a de l’émotion, une intensité palpable, une tension ouatée, dans ce qu’entreprend Soft People. Pas si Soft que ça d’ailleurs puisqu’à l’issue de cette entrée en matière qui promet, Shot Through file et se hérisse, toujours sous la houlette, toutefois, d’élans pop charmeurs. On ne se contente pas, néanmoins, de faire dans la joliesse. On y met de la vigueur, de belles idées et une pincée de simplicité, on n’en fait guère plus car ça fonctionne parfaitement. Une fièvre de toute beauté émane des morceaux, qui d’emblée font du bien.
Avec Wish II, on retombe rythmiquement. On y gagne, en revanche, en « climatique ». Dénudé et aérien, le morceau tranche avec ce qui le précède mais reste dans la lignée mélodieuse typée des deux hommes. Ramon résonne ensuite, dans une forme d’électro-pop saccadée qui s’habille de sons bien bons. On peut regretter cependant, malgré la qualité du rendu, une petite perte d’énergie. Mais la texture des chansons, leur vêture qu’on remarque, compensent. Louis, d’ailleurs, illustre bien le constat: ses motifs bien trouvés le valorisent, suffisent à en faire un titre qu’on retient.
La paire fait donc preuve d’imagination dans les décors qu’elle pose. William suit un sentier électro-pop finaud, animé, dont retombent des bribes 80’s. Absolute Boys se tient bien, dans une turbulence mesurée, peut-être trop. Ou, quand il décide de faire le sage, dans un pourtour tranquille et gracieux, qui encore une fois n’irrite pas (Alex). Enfin, pas trop….car c’est tout de même quand il « s’ensauvage » (elle était facile…) que Soft People est à mon sens le plus probant. Pour cette raison I Saw The Moon, qui galope vivement sous l’effet d’un format cold-pop magnifique, me convainc entièrement. Il se voit relayé par 22 lunes, qui m’évoque un trip-hop ombrageux et ose lui aussi sortir d’une zone de confort doucereuse. Il est souvent bon, notons-le bien, ce Absolute Boys.
Photo: Deborah Denker.
Sur sa fin, Embering présente une basse froide, qui annonce et précède une terminaison spatialement cold. L’ambiance est douce-amère, ténue. Assez prenante, en tout cas, pour finir sans déplaire le moins du monde. Soft People signe donc un bon disque, sensitif et suffisamment enlevé pour séduire son parterre d’auditeurs potentiels.