Armé d’un Funtastic captivant, qui fleure bon les 90 ‘s sans complètement s’y restreindre, Tapeworms répond aux questions de Will Dum…
1) En cette période si singulière, avez-vous pu trouver des alternatives au manque de live et d’activités groupales ?
Théo : C’est une période très étrange, mais on s’adapte à la situation et on essaye d’en tirer ce que l’on peut. Pour l’instant, nous avons pris un rythme différent, plus axé sur la composition et l’évolution du songwriting et de notre palette de sons. C’est aussi l’occasion pour nous de redéfinir ce qu’est Tapeworms et dans quelles directions on a envie de s’engouffrer.
Goo : On a été super enthousiaste de voir la richesse de production qui s’est développé en réponse au manque de live ! On s’intéresse aux différentes options de stream et on repense un peu le live à trois, on utilise des instruments qui nous laissent plus de flexibilité pour l’enregistrement (sampler, pad, etc). C’est super plaisant !
Elio: Vu que tout tourne un peu au ralenti, ça nous laisse un peu plus de temps pour expérimenter et écouter plein de nouvelles choses.
Théo : Ce qui est intéressant avec le livestream, c’est la désacralisation de la performance live. Ça laisse plus de place à l’expérimentation, aux accidents, tout en ayant un contrôle total sur l’image du groupe. C’est aussi l’occasion d’offrir un contenu qui correspond entièrement à l’identité de l’artiste. C’est un schéma qui nous convient bien.
2) A l’écoute de Funtastic, votre album destiné à sortir le 25 septembre, j’entends les 90’s, jouissivement remises au goût du jour et « électroïsées »avec goût. Que tirez-vous de cette période où le shoegaze, notamment, était sur le devant de la scène ?
Théo : Nous sommes tous nés dans les années 90, c’est un mélange de cultures qui nous a longtemps bercé et qui continue de nous inspirer dans l’approche très spontanée à tenter de nouvelles choses.
3) Comment Funtastic a t-il été conçu ? Pourquoi, d’ailleurs, ce titre qui semble entériner mon ressenti (fun et fantastic) « à l’audition » de la rondelle ?
Goo : Après Everything Will Be Fine? on a décidé de se lancer dans l’écriture de notre premier album, on a travaillé dessus pendant des mois ! On a commencé en été 2018 dans la MJC de mon village et on a composé à trois. On venait de s’acheter des synthés et des machines pour lancer des samples, on voulait essayer de nouvelles choses et surtout, faire un album très lumineux !
Théo : On avait également la volonté de convier plus largement nos influences, et d’assumer entièrement nos choix. L’idée était de faire exactement ce que l’on avait envie, et des artistes comme Cornelius ou Cibo Matto nous ont beaucoup inspiré dans cette démarche. Ce côté “fun” vient probablement du fait que cet album est un condensé très large des nombreuses choses que l’on aime. il a juste fallu travailler longtemps pour en faire un objet cohérent.
Elio : L’album découle aussi, je pense, d’une période où chacun.e d’entre nous s’est mis à écouter de nouvelles choses. Avec tous les nouveaux styles auquel on avait accès, on a naturellement voulu expérimenter.
4) Quels principaux changements marquent le passage de vos 2 ep’s antérieurs à Funtastic ?
Goo : Grandir et ouvrir nos horizons !
5) Vous en êtes à trois sorties discographiques au total, estimez-vous avoir acquis une forme d’autonomie dans l’enregistrement ou dans la conception du style qui est le votre ?
Théo : Concernant la partie guitare-basse-batterie-chant, on commence à acquérir une certaine forme d’autonomie dans l’enregistrement. À force d’erreurs, on a compris comment faire sonner comme on le voulait ces instruments. Pour la partie plus électronique, on découvre encore beaucoup de choses. Je me suis mis à la synthèse FM l’année dernière, et j’apprends encore beaucoup de choses sur le sujet qui me passionnent. Je pense qu’avec les différentes évolutions du groupe, on sera toujours parfaitement amateurs sur différents points et c’est ce qui rend tout ça si enthousiasmant.
6) Magic et Les Inrocks vous ont récemment mis à l’honneur, on doit frétiller en lisant ce genre d’article, je suppose ?
Goo : C’est toujours agréable de lire des papiers positifs sur son travail c’est sûr ! On espère surtout que l’album sera écouté et apprécié.
7) L’album sort sur plusieurs structures différentes (Howlin Banana Records, Cranes Records, Coypu records etc…), ça représente quoi pour vous, ce type de label foncièrement indé ?
Goo : On est super ravis d’être accompagnés par ces labels et tous ceux qui prennent part au projet (tourneurs, producteur, vidéo, photo…) ! Ça donne lieu à de super collaborations et ça laisse place à beaucoup de créativité. C’est génial d’être soutenu par des personnes talentueuses.
8) Vous semblez jouir d’un certain succès à l’échelle régionale (au minimum), non ? Vos jolis t-shirts, par exemple, sont déjà épuisés… 🙂
Théo : C’est vraiment difficile de se rendre compte de ce genre de choses, on a plutôt l’impression d’être un groupe très confidentiel encore.
9) A Lille, d’où vous venez, comment se porte la scène musicale ? Y avez-vous des affinités particulières avec tel ou tel groupe ou telle ou telle structure du coin ? Existe t-il, d’après vous, une forme d’entraide au sein de la cohorte de formations loco-régionales ?
Théo : Quelques structures sont apparues il y a peu et portent quelque chose d’intéressant, et une idée de la musique très actuelle. ‘Bruit Blanc’, un label/association regroupent beaucoup d’artistes du coin, tous avec quelque chose d’unique dans le son. Qu’ils soient inspirés de la musique club, de la techno, de la pop ou du hip-hop. C’est enthousiasmant à voir. Ils ont aussi organisé le concert GFOTY il y a quelque mois.
Elio: Sinon c’est un peu comme partout, pour ce qui est des concerts c’est très vide en ce moment, ou alors on se retrouve assis. Les seuls événements qui subsistent finalement sont les Free Party qui se développent pas mal en ce moment dans la région dû au manque de soirées légales.
10) A la suite de Funtastic, qu’avez-vous en tête en termes de projets ?
Théo : Continuer à composer. Peut-être moins s’embêter avec les schémas actuels très codifiés mais finalement peu adaptés à un monde confiné. Créer plus de contenus en ligne, ouvrir les interprétations de nos morceaux et vraiment continuer à faire ce qu’on a envie de faire, sans trop se soucier de ce qui en sera dit.
Photo de couverture: Julien Cornuel.