Groupe frappé-frappant issu de Nantes, Albinos Congo à pour « pères » Tristan D’Hervez et Pierre Stroska qui, depuis six ans, s’entourent de musiciens de leur ville, majoritairement, pour enfanter un rock psyché qui bifurque tous azimuts, qualifié de Romantic Neo Space Punk. Space Jam est le deuxième EP en date, il s’agit d’un foutoir quasiment aussi passionnant qu’un bordel signé Ty Segall ou Thee Oh Sees. Eclaté et éclatant, dispersé et exaltant, même une écoute attentive n’en vient pas à bout. En chute libre, ou en ascension fulgurante, dans l’espace, le clan fait sensation dès Spacejam, vaisseau en perte de contrôle aux délires psyché, shoegaze et façon Beastie Boys, dans le rythme, aux voix qui semblent venir de loin. Loin, ils nous y emmènent, d’ailleurs, « direct ». L’épopée est sans retour, elle fuzze et perd la tête, flotte et déraisonne soniquement. Pensez bien qu’ici, on a notre lot de jubilation psychique. Ohnohohyeah, seconde plage garage-psyché vrombissante, kraut et bien d’autres choses encore, nous vrille le cortex. Giclées de dope à mine, de dopamine, qui donnent bonne mine, et sons spatiaux excessifs s’emboitent jusqu’à générer des tubes d’un genre qui échappe à toute catégorie précise.
On aime faire le con, mais on le fait foutraquement bien (You Know What I Mean, qui va nulle part mais y va sans se ranger). Le procédé est unique. C’est ce qui, couplé à l’absence d’appartenance délibérée d’Albinos Congo, en fait un fockin’ marvelous band. Dont la déviance captive, dont les errements trouvent sur leur chemin des vignettes sonores magiques. Mon Pti Yoshi, en ce sens, est une merveille de subtilité crade, un envol dreamy-noisy aux contrastes efficients. N’attendons pas des deux géniteurs du projet, et de leurs acolytes, qu’ils cèdent à la droiture. On s’ennuierait.
L’espace de six morceaux donc, les aliens du son en disent plus que certains sur un double LP. Stay or die, qui nous fera choisir la première des deux options présentées, marie batterie dingue et coups de bélier instrumentaux. Le collectif de terriens visite l’espace, il y sème un boucan de tous les manches. Mais eux n’en sont pas, ils excellent dans la furia sonore. Ce ne sont pas non plus des peintres et si c’était le cas, j’te dis pas les giclures sur l’tableau! On n’est d’ailleurs pas au bout au bout de nos merveilleuses peines; Paralysis of Dreams Part.1 se lance dans la périlleuse mission de mettre fin à une traversée mémorable. Cosmique et psychotique, céleste et expérimentant, il n’arrange en rien la santé mentale des pilotes de l’aéronef. En revanche, il assied complètement l’étrangeté addictive de ce Space Jam plutôt bien nommé. Je sur-adore, j’en connais toute une ribambelle, dans ma ville et dans la caste du rock polisson, qui en feront bon usage.
Crédit Pierre Donadio
Fringué comme sa zik, débraillé donc, et pourtant très présentable de par ses efforts et recherches sur les textures, Albinos Congo plaira au delà du raisonnable. Ca tombe sous le sens, il ne s’agit pas là de raisonner (quoique…), mais plutôt de résonner. C’est chose faite, on s’en pourlèche les babines et on se tient prêt à avaler de nombreuses rasades de l’élixir taré de la bande colorée, révélation parmi bien d’autres d’une scène française qui se porte décidément bien, affairée à ne pas faire dans le fade.