Formation toulousaine signée chez Toolong Records, ce qui la place d’emblée en ballotage favorable quand vient l’heure de l’écoute, The Crumble Factory fait dans la pop psyché, déclinée sur ce Darling limonade de manière attractive. Chez Rem Austin : Vocals/ guitars, Ann Lake : vocals/Backing vocals/ percussion, Seb Comet : Drums et Marty J. : Bass, on rêvasse (Walter is dead) avec majesté, mais on ne fait pas que ça. Loin de là même. En attestent les nerveux Golden green et Follow me down Jack: le premier dans une pop noisy au chant avenant, selon une étoffe sucrée/bourrue. Le second plus appuyé, tubesque, irai-je même jusqu’à dire, dans une veine qui évoquerait les 90’s et la vague du rock à guitares aux mélopées fringantes et mal fringuées. Il y a dans Darling limonade des bulles, pop, des étoiles, psychédéliques, et du soufre, rock. Les sudistes mélangent ça avec dextérité, ils ne tardent d’ailleurs pas à accrocher nos coeurs et oreilles quand Your hair ouvre les vannes d’une rivière pop soyeuse, certes, mais qui ne manque pas d’atouts.
Ouvert, délicat et impétueux, le registre nous ramène au souvenir des Bewitched Hands, formation rémoise reine, elle aussi, dans sa pop de tout premier choix. Des airs de Teenage Fan Club se font entendre, enchanteurs. Une certaine mélancolie pointe le bout de a tristesse (So good to be sad), ceci sur un ton aux abords de l’enjoué. Le Crumble est savoureux, jamais bourratif. Sa crème riche et onctueuse, ses saveurs piquantes et relevées (ce même titre, qui passe de la douceur à des envolées ombragées caractérielles) en font un mets dont on ne laissera rien sur le bord de l’assiette.
A mi-chemin, on est en tout cas bien arrimé…mais pas encore arrivé. La clarté de Sunday clothes, sa vivacité sensitive, conforteront les bonnes impressions émises. Depuis son premier disque éponyme, en 2013, l’équipe Crumble Factory honore la ritournelle, la fait belle, mais se permet aussi de la cingler. Madly s’approche d’un Boo Radleys apaisé, Gooseberry trees suit en acidulant un peu plus sa teneur. L’ornement est de plus notable. Radio star mêle sons aériens et guitares affirmées, motifs à la Pixies en décor. C’est réussi, les orfèvres de nos terres sont bel et bien à leur place dans des champs poppy variés. Days of a saleman caresse et mord les fesses, probant dans les deux options. On serait bien bête de chercher la petite bête, et puis, son « ensauvagement » (oups) est réellement délectable. On y trouve, itou, des airs dépaysants. Puis Grand parade, de son tissu pop-folk chatoyant, démarre gentiment pour ensuite prendre de l’ampleur, psyché mais de manière sonique. Après ça, il renoue avec une vêture cotonneuse.
The Crumble Factory n’est ainsi pas immuable. Ses humeurs changent, sa fiabilité, elle, ne varie pas d’un iota. Le plaisir éprouvé est continuel. Dans un digipack beau et sobre, September song (ça tombe bien, l’opus sort finalement, après « repoussage », la 25 de ce mois) conclut paisiblement. D’obédience folk, il incite à l’abandon. De soi, pas du disque. Ce dernier, par ses mélodies, par ses variations au sein d’un carcan pop tout sauf réducteur, fait mouche et agrémentera à coup sûr la rentrée, en même temps qu’il mettra du baume dans les esprits que plusieurs lives prévus dans quelques jours, en prélude à la sortie de Darling limonade, contribueront à « soigner ».