Auteur, déjà, d’un excellent Mirror (février 2019), le trio Balms de San Francisco, où cohabitent Jared Padovani, Michael Ascunsion et John Kolesnikow, nous fait la surprise d’un deux titres. Deux faces B issues des sessions de l’album en question, enregistrées avec Jack Shirley à l’Atomic Garden en 2016. Et comme les trois mecs de Frisco ne sont pas du genre à gâcher la marchandise, les livraisons de ce début septembre sont des trésors shoegaze, à commencer par Behind bars qui pose là, comme à la parade, une rêverie sonore entre dream et shoegaze donc, avec les voix éthérées et guitares lancinantes qui vont bien. Ces dernières dérapent d’ailleurs sans attendre, rugissantes, sans perturber plus que ça le déroulé d’une voix au songe prenant. Le mélange est de taille: on se doutait bien, de toute façon, que Balms allait nous servir une concoction « maison ». Attention toutefois, ça ne dure qu’à peine dix minutes et il s’agit, pour le coup, de se repasser les deux essais sans retenue.
Passé le premier d’entre eux, on tombe sur Sword, qui tape sur l’épaule d’un Kevin Shields, My Bloody Valentine donc (Balms a d’ailleurs assuré, ça ne s’invente pas, un show en tribute au fameux groupe irlandais), ou d’un Ride. C’est bien shoegaze, Jared et ses acolytes ne s’emberlificotent aucunement dans des exercices sinueux ou effets de manche, mais l’échelon atteint est élevé. Ici aussi, les guitares trouent l’espace. L’organe vocal reste rêveur mais intense, ample. Après sa Part time punks session de février dernier, où il reprend When you sleep des intéressés, Balms, en plus de proposer du son de façon régulière, est loin de se vautrer dans ce qu’il renvoie.
Les ventes du digital, de plus, iront au CCF Wildfire Relief Fund. Balms réalise une bonne action, aide ceux qui sont dans le besoin et satisfait entièrement ceux qui l’écoutent. On ne peut que l’en louer. On lui souhaite, tout simplement, de continuer sur la voie qui est la sienne, porteuse. On espère, également, une reconnaissance à la hauteur de ses créations. Le groupe, quand il se regarde dans le « Mirror, n’a absolument pas à rougir. Il a les traits d’un grand, la stature de celui qui sait comment on s’y prend pour trousser des chansons de choix. Il ravive, de plus, l’attente autour d’une sortie prochaine de format étendu, tant on le sait capable de nous révéler, à intervalles réguliers, des choses hautement enthousiasmantes.
C’est donc une évidence, Balms fait partie des indépendants fréquentables, recommandables même, qui ne se payent pas la poire de ses convertis. Ca dure depuis sept ans déjà, au niveau discographique, et il semble bien que l’entité formée par les Américains n’ait pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin. Tant mieux car on les accompagnera volontiers dans la suite de leurs aventures soniques, d’ores et déjà attendues.