Nantais, Watertank a fait l’objet d’une interview dans ce zine, il y a peu de temps. Avec deux albums au compteur et presque vingt ans d’existence, il a eu tout le temps de peaufiner son post-hardcore aux teintes shoegaze, jusqu’à la conception de ce Silent running qui, en tant que troisième opus, détient toutes les clés pour lui assurer reconnaissance et dates de choix. A l’écoute me viennent de suite des noms ronflants; Deftones, Shift, Far ou encore Mellencamp. Du 90’s bien branlé, qui n’hésite jamais à déborder du cadre rock. Impression validée par Envision, premier titre massif, enlevé, puissant et mélodique. Un peu de Therapy? au passage, on y colle le jus d’un Foo Fighters et nul besoin d’en dire plus: Romain Donet – Guitar, Jocelyn Liorzou – Drums, Willy Etié – Bass et Thomas Boutet – Vocal/Guitar, très vite, suscitent un vif intérêt. Comme chez Ventura, passionnants Helvètes, ils dosent énergie et mélodie, insufflent dans leur mixture une intensité estimable. Suffogaze, de ses riffs tranchants, découpe le steak mais sait, aussi, se faire plus léger. Il accélère, paré aux belles guitares. J’avais décidément raison, on a chez nous tout ce qu’il faut, en termes de groupes, pour chatouiller la concurrence et la faire régulièrement trébucher. A la loyale, à la qualité.
Ainsi, avec l’éponyme Silent running, on s’enfonce ouvertement dans l’alternance entre douceur et force de frappe. C’est l’atout premier du groupe, le terrain où il le plus à son aise. La sphère où il construit, patiemment et avec assurance, un son à lui. Si certains multiplient les sorties jusqu’à remplir sans marquer, Watertank prend son temps et s’attelle à générer de la qualité. The ejector side, rythmé, finit par se modérer et inviter des voix d’ailleurs. Sous tension toutefois, car le bourru guette. Spiritless, qui le suit, se hasarde en paysage psyché, puis fait parler la poudre.
Soudé, compact, Silent running s’aère joliment, laisse tout autant l’impact s’exprimer. Timezone renvoie de la mélancolie, trouve son équilibre entre ressenti sensible et instants tendus. A aucun moment, Watertank n’en fait trop. Sobre, il a visiblement trouvé le dosage idéal. Beholders, riffing lourd en poche, est en parfaite conformité avec sa démarche. Thing of the past, incontrôlable, lâche des six cordes féroces. Il oscille rythmiquement, rentre dans le lard et entérine sans coup férir la performance des gaillards de Watertank, doté d’un terme shoegaze à souhait. Pour finir, on a droit à deux morceaux de durée plus étendue, avec tout d’abord un Building world mélodieux, où la basse ondule. Le quatuor se distingue vocalement et instrumentalement, mais aussi et surtout dans l’alliage des deux.
Photo David Gallard
Enfin Cryptobiosis, céleste, met fin de belle manière, sensitive puis offensive, à ce Silent (tu parles..) Running qui n’a de cesse d’associer, avec une justesse courante, mélopées qui plaisent et déchaînement sonore. Sa fin, cuivrée, s’avérant magnifique. Pour en arriver à l’issue des dix titres de l’album, tous convaincants, à un produit fini dont on parlera en bien et qui mérite l’attention de tous, capable qu’il est de damer le pion à bien d’autres prétendants. Dates prévues en septembre, si vous n’êtes pas loin il serait de bon ton d’en être.