Belge, déjà chroniqué ici pour un live commis en août 2019, The Wrs opère en trio garage-psyché fou et affûté. Ce disque éponyme est son premier album, sans être par trop surpris -quoique- mais avec délectation on y trouve de quoi s’agiter et se rassasier. Magic Powder fait parler la poudre, Nacho Santamaria y Di Pietro (Guitar and Voice), Benjamin Podziukas (Drums) et Jaime Sala Hamed (Bass and Keyboard) nuancent l’amorce psyché du titre pour, dans la foulée, boularder en mode garage aux effluves 70’s brûlantes. Le flux est nourri, le chant fou. On breake, on repart ensuite plein pot ou selon une envolée sonico-psyché plus « tranquille ». Diantre! Ce morceau, changeant et à ne surtout pas changer, crame déjà le parterre. Les trois gus de Charleroi ont trouvé leur terrain, ils y sont maîtres et n’entendent pas fléchir. Spit, au riffig maousse, joue un garage que les claviers décorent joliment. Côté voix, on reste dans le dingue qui donne de l’envergure. Embarqué dans une course à la compo qui cogne, The WRS lorgne côté 70’s donc, se fend de parties de guitares qui m’évoquent, dans leurs bazardage rétro, Radio Moscow.
L’intensité est de mise, elle catapulte 3’s for lalala qui semble sortir d’un garage où deux-trois ampoules peinent à éclairer le lieu. Un encart psyché une fois de plus racé se pose, on notera d’ailleurs l’aisance des hommes à concevoir des morceaux sans linéarité, bondissants mais de teneur ouverte. A cheval entre son époque, un passé sur lequel il s’appuie avantageusement et son souci de s’affirmer via un genre qui lui revient, The WRS sa donne le droit, avec un tel contenu, d’aller mordre les fesses des pointures.
Avec Byzance, qui fidèlement à son nom dépayse, on affine le rendu. Ca fait du bien, on adhère certes à la puissance du combo mais celui-ci reste bon, très bon même, quand il décide de se calmer…sans pour autant nous noyer dans la flanelle. La fin du titre, débridée, envoie tout de même sévère. At the bottom of the sea, fonceur, laisse libre cours au bavardage des guitares, solidement soutenues par la rythmique. Quant à la voix, elle donne. De la voix, justement. The WRS a trouvé sa voie, par ce biais il nous refile un album court, certes. Sept morceaux, c’est peu. Mais en valeur, ça représente beaucoup. Le clan sait, de plus, orner ses chansons avec soin et goût (NIPBY (Nobody is perfect but you!)). Sa rondelle sort, de plus, sur des labels à qui il faut faire la part belle, farouchement indé. Mieux vaut, c’est incontestable, un catalogue modeste mais de qualité imprenable qu’une palanquée de sorties qui puent le creux.
Les neuf minutes de la plage en question, qui groove et ondule, s’enflamme et piquote, vont permettre à Nacho et consorts de s’en tirer avec une belle dose de mérite. Ils mettent du blues, incandescent, dans leur mixture. Ils jouent bien, ce n’est pas parce que le répertoire inclut du garage qu’on doit, de façon forcée, faire les marioles et imposer du basique lassant. Inavouable, que The WRS a pourtant bien fait de dévoiler, vient finir en imposant un psychédélisme taré, sonore et bien balancé, qui entre en crue et répète ses mots jusqu’à l’obsession. On peut stopper là et toper là, même. Pif paf pouf, comme dirait l’autre. The WRS, excellent tout au long de ses créations enflammées, fait ici bien mieux que de valider son billet pour le haut du panier.