« Side-project » de Xzvrey, du groupe post-punk/deathrock The Last Oath, Night Train To Nowhere regroupe sur ce Chronicles Of The Dark Vol.1 ses deux ep’s ainsi qu’un single agrémenté d’un bonus. L’idée est bonne: le train de nuit va bien quelque part, en dépit du patronyme pour lequel il a opté. Direction la noirceur death-rock, sa ferveur aussi, récurrente et qui amène le disque à un niveau « au dessus ». On y adjoint une pelure gothique, une dynamique post-punk et la remastérisation signée Jean-Philippe TORRES fait le reste: c’est marre, le bazar capte d’emblée l’attention. Il débute dans la mélodie enflammée, au son de ce Hangsoul’s Tree à la croisée des tendances citées. Stripper, moins vitaminé, fait ensuite le choix d’un climat plus « figé », qui gagne toutefois ses droits. Grâce, justement, à ses penchants retenus. On aurait pu s’attendre à une collection de titres enlevés, on aurait d’ailleurs apprécié. Au lieu de ça, Night Train to Nowhere ouvre son horizon. Le morceau gagne toutefois, sur sa seconde partie, en vivacité.
Bare artist, dans ses saccades impétueuses, tempétueuses, conquiert lui aussi nos coeurs cold. Inspiration from nowhere suit, vif. A qui aime les formats cold, Night Train To Nowhere fera effet. Le duo met de la finesse, dans ses accords, ce qui a pour effet d’orner joliment ses élans débridés. Il est, de surcroît, constamment accessible. Picture at a damnation, avec son rythme haché, m’évoque autant l’atmosphère du The Cure à la mélancolie contagieuse que celle d’un Joy Division, ou d’un Sisters of Mercy première ère. Les deux hommes se plaisent à accélérer, puis rétrograder, au sein d’un seul et même morceau. Ca leur va très bien, ça leur permet également de ne pas se « redire ».
Avec sa zik en noir et blanc, Night Train To Nowhere met de la couleur dans le paysage musical. Dans son registre aussi (la finesse qui enrobe l’alerte Inside Ink There Is No Feeling, lequel m’évoque pour cette raison Motorama). Six White Walls, aux reflets jazzy enfumés, use de secousses rythmiques qui confèrent du relief. On est encore, ici, dans l’alternance entre bridé et plus direct. Fire In The Pandora’s Box grince, c’est un bourre-pif de tout premier ordre. On se fout pas mal, au final, d’assigner un genre à l’ensemble. Seul compte son impact et de ce point de vue, tout va bien. Way to doom, en conformité avec son p’tit nom, est d’abord presque…doom pour sa lenteur, son penchant pesant. Puis il s’anime, selon cette ambivalence maîtrisée entre le lent et le pénétrant.
Le mot de la fin revient à The Dance Of The Horns, « militaire » de par ses tambours, offensif de par ses guitares bourrues. Ouvertement frontal, c’est une dernière pierre qui, solide, achèvera d’étayer un travail de choix. Night Train To Nowhere est arrivé à bon port: on espère désormais une suite, et une carrière, affublées de productions du même acabit. Leur signature chez Icy Cold Records va en ce sens, elle constitue le terreau nécessaire à assurer une avancée sereine et porteuse.