Groupe où figurent Jonah Falco et Mike Haliechuk, respectivement batteur et guitariste de Fucked Up (avec, ici, Tamsin M. Leach et Jack Goldstein), Jade Hairpins sort son premier album, ce Harmony Avenue donc, au nom prémonitoire, chez Merge Records. Il fait suite à un 12 pouces sorti en 2018, sur le même label. On y trouve…des harmonies, soignées, diverses, qui « poppisent » le disque sans le figer, sans le restreindre à ce seul genre, loin de là, et le portent bien haut. Euphorisant comme un Supergrass, énergique et mélodique mais dans la vitamine, J.Terrapin tire la première flèche. Celle-ci tape dans le mille, parée de synthés à l’avenant, de guitares simples et décisives. Un tube pop-rock, pour commencer, d’à peine deux minutes. Puis un « trifouillage » plus que réussi entre électro, pop et rock, sous la forme de ce (Don’t Break My) Devotion tout aussi séduisant. Une voix canaille s’y invite, couplée à un chant plus cadré. Jade Hairpins, en explorant sans sombrer dans l’expérimental barbant, propose un rendu spontané, balisé par de belles réussites. Father coin, aux guitares dures, marie rock et blues. Ombrageux mais doté de choeurs légers, c’est le parfait complément à une amorce prometteuse. Arrive ensuite Yesterdang, sucrerie pop plus sage mais aussi aboutie. Jade Hairpins la sertit de vocaux déviants, de petits sons malins.
On passe après à Post no bill, funky, riffant, presque club, qui ne reposera pas les corps. Dansant, il rappellerait presque la vague Madchester, les morceaux décousus mais trémoussants des Happy Mondays. Broadstairs Beach se fait exotique, reste toutefois pop et rock avec, toujours, une dextérité certaine. Dolly dream, frais, lui emboîte le pas dans un déroulé tranquille. Le quatuor varie ses options, se fend de compositions dont aucune ne lui porte préjudice. May magazine, un peu punky tout en conservant ses mélopées, durcit le ton.
Enfilade réussie de morceaux de choix, Harmony Avenue a des airs de reviens-y. Truth like a mirage, avec ses synthés teintés 80’s, souffle une pop charmeuse. Ses voix plairont, ses petites sonorités d’étayage aussi. Jade Hairpins s’amuse, trouve par ce biais une approche qui lui fait honneur et crédite son opus. Motherman, sur plus de sept minutes, le termine en alliant pop et motifs électro récurrents, sous le joug d’une louche mesurée de psychédélisme. Inattendus sans s’avérer inabordables, les titres alignés évitent l’obstacle du linéaire. Le jus de l’ensemble, sa dominante énergique et joliment mélodique le rendent, presque, irrésistible.
Beau « rebond » donc, pour Falco et Haliechuk qui par ailleurs ont produit l’objet, et consorts. Le tout dans une veine qui tranche avec le registre de Fucked Up mais fait en l’occurrence ses preuves, à l’aide de plages de qualité sans complexité.