Formé en 2008 à Leeds, BLKLSTRS, soit Blacklisters, a depuis multiplié les dates et sorties. Ce Fantastic Man est son troisième album, les Anglais emmenés par Billy Mason Wood (Vocals) n’y affichent aucune propension à l’assagissement. La furia noise est de mise, leste ou rythmée à bloc (Motivational Speaker), le riffing est plein d’ardeur et la basse-batterie pulse sans souffler ou presque. Sports drinks, furibard, renverse les tables. Dante Beesley malmène ses cordes, le tempo part dans une course folle. La clique cogne, Strange Face appuie, quand vient son tour, là où ça fait mal. Vocaux possédés, urgence d’un jeu tendu et saccades incoercibles font l’identité d’un groupe de toute façon installé, bien campé sur des fondations que ses parutions précédentes ont solidement établies. BLKLSTRS est de suite reconnaissable, à l’image d’un Pissed Jeans ou d’un Jesus Lizard, auxquels il est à juste titre comparé. Logique, il dégage ces mêmes flux tendus, colériques, compacts, qui ne laissent guère planer le doute sur la posture des combattants. L’éponyme Fantastic man, pavé ramassé, puissant et gueulard, enfonce l’enclume. Celle-ci, massive, écrase l’auditeur…et les quelques concurrents qui, poussés par l’audace, se hasarderaient à affronter la horde vociférante.
Le Motivational Speaker mentionné plus haut fonce comme un bolide. Gare à vous, ou plutôt garez-vous, le morceau met tout à sac. Les pulsions de la basse de White Piano, couplées à la batterie, font blaster la baraque. Ca barde, l’audition est loin d’être de tout repos. Le Basement, en tête de peloton, courant à toutes cordes, à grand coups de baguettes, achève de chambouler tout élément s’opposant à l’avancée d’un opus batailleur. Placé sous la cascade, dans la ligne de mire du quatuor, on s’expose. A se faire shooter, certes, mais aussi à répéter l’écoute inlassablement, jusqu’à l’usure sensorielle.
Sleeves, dont les guitares tranchent dans le vif, agit comme un rouleau compresseur. Il groove pourtant, comme le feraient nos Sleeppers ou encore Condense. A Tant Rêver du Roi et Buzzhowl, les deux structures impliquées dans la sortie de l’objet, peuvent s’en féliciter. Fantastic Man est un album de poids et de choix, intense, perforant. I Read My Own Mind (ça doit valoir le détour), s’il aère modérément le discours, n’en est toutefois pas à embrasser l’accalmie. On reste dans la tension, dans un son sans politesse. Distingué par nombre de groupes et personnes crédibles (Andrew Falkous de Future of the Left, Simon Neil de Biffy Clyro, Blake Harrison de Pig Destroyer ou encore les illustres Kerrang! et NME, ce qui n’est pas rien), BLKLSTRS justifie les louanges et produit un boucan profitable. Mambo No.5, sa dernière attaque, s’en tient sans surprise, mais avec panache, à des abords écorchés, éructés, soniques et insoumis, qui font tout à la fois l’impact de Fantastic Man et la personnalité, forte, du clan british.
Ce dernier est donc loin d’usurper le reconnaissance dont il bénéficie. Affirmé, il est même devenu l’une des références du courant noise, s’appuyant sur une série de disques sans courbettes, émaillés de titres qui font mieux que tenir la route. On imagine déjà, quand le live sera en mesure de reprendre, des sets qui dézingueront l’assemblée, uppercut et salvateurs.