Trio de filles qui en veulent, L.A. Witch rassemble Sade Sanchez (chant / guitare), Irita Pay (basse) et Ellie English (batterie). Play with fire, où elles le mettent (le feu), est leur second album. Divers, faisant aussi bien parler la poudre (l’excellent Fire starter en ouverture, boulet de canon rock où le chant exhale ses penchants canailles), le disque en question part donc sur des bases rudes, délibérément rock, que Motorcycle boy confirme sans coup férir. Chanson d’amour fougueuse, inspirée par les « outlaws » du cinéma comme Mickey Rourke, Marlon Brandon ou encore Steve McQueen, la dite plage laisse pourtant la place aux mélodies, ténébreuses. Il ne s’agit pas, pour L.A. Witch, de faire dans la linéaire. Dark horse, de ses élans folk et psyché sucrés bien qu’obscurs, le démontre. Après son début, il s’emballe, s’offre une virée en terres rock-blues qui groovent et bruissent. Preuve que les trois femmes, soudées, sont en capacité de livrer un album sans temps faible ni redite. Le rock percutant d’I wanna lose, grinçant, fuzzy, se parant de notes bluesy subtiles. Des déflagrations bienvenues leur succèdent. On aime, d’autant qu’un break bien amené se faufile entre les assauts de six-cordes.
On fuzze, donc, autant qu’on se modère. L’impact global n’en souffre aucunement, Play with fire voit L.A. Witch jouer avec le feu, j’entends par là l’intensifier comme, à l’occasion, l’atténuer en y ingérant autre chose. Gen-Z, selon une attitude cool mais de cette voix un brin effrontée, souffle quand vient son tour des temps blues éraillés, moins polis que l’amorce du morceau le laissait paraître. Play with fire enchaîne les bons titres, à l’instar de leurs collègues de label Death Valley Girls qui, elles aussi, signent des rondelles de valeur.
Sexorexia, bourru, entraînant, renforce encore l’édifice des dames. Ces dernières ne sont en aucun cas dans la flambe ou la démonstration. Pourvues de bonnes idées, elles vont à l’essentiel sans, cependant, verser dans le simplisme. Ce faisant, elles conçoivent un album qui se tient de bout en bout. Porté, de plus, par des salves rock que forcément, on prendra en compte avec un bel enthousiasme. Maybe the weather, plus « venteux », psyché, apportant une direction plus posée sans pour autant ennuyer, loin s’en faut. Chacun des morceaux offerts est de taille. True believers, rock selon une vigueur punk, est au contraire à l’opposé de l’ennui, qu’il balaye d’un coup de médiator. On est ici dans le rock q’on aime: le vrai, celui qui suinte et te rentre dans la tronche. Il permet de plus au groupe de finir sur une excellente note, que valide l’ultime jet: Starred, Stoogien, menaçant, en éruption.
La conclusion excelle donc, à l’issue d’un Play with fire qui fait de même sans discontinuer. Son feu est souvent ardent, sa flamme jamais prise en défaut. Sur neuf chansons dont aucune ne nous fera quitter l’audition, L.A. Witch et son label, l’indispensable Suicide Squeeze Records, y vont d’une sortie qui, en cette fin d’août, augurera d’une rentrée rock et pétante. On valide largement, en poussant le bouton de volume pour mieux faire résonner les essais concluants des demoiselles de Los Angeles.