Grec, d’Argos plus précisément, Omega Project 3, soit Op3, combine classique, jazz, electro et rythmes folk. Une lyre et un piano font également partie du répertoire, aussi pur qu’impétueux, qui trouve son apogée sur ce SmyrnAe magnifique, orné, parfois, par un chant non moins merveilleux (l’envoûtant titre éponyme). Anatoli, pour d’emblée saisir le badaud, jette une chape dépaysante. On pressent le différent (Same Diffrerence Music est le label du groupe, ce n’est peut-être pas le fruit du simple hasard), il survient quand arrive Káthodos. Le folk d’antan d’ Op3, entre fougue et splendeur, lyrisme et sonicité, a très largement de quoi plaire. Il se démarque, se refuse à ne pas…différer. Páthema, d’un post-rock subtil, animé (on contourne ainsi l’irritation que le genre peut provoquer), étend le paysage sonore des bonshommes, qui traitent ici du fait d’être réfugié. Dans des trames contemplatives, savamment ouvragées, ou lorsque l’orage s’annonce, ces derniers livrent un disque captivant. Léthes traûma, sous le joug de percussions d’ailleurs, tribales, ne lui portera pas préjudice en dépit de sa trop courte durée. Pélagos, plus étiré, se perd avec délices dans ses vagues de rêverie.
Tout ça est bon à entendre, SmyrnAe nous emmène hors des créneaux habituellement honorés par la plupart des projets en vogue. Xénos, sur six minutes paisibles en apparence, suivant une touche dark empreinte de lumière instrumentale, illustre le constat. Il dévie délibérément, prend la tangente expérimentale, remuante, puis revient à ses airs posés. Op3 est un orfèvre du son, de la texture. Là ou, livré à la platitude, j’aurais baillé, il me retient captif. Mόria fait alors briller ses notes jazzy, subtiles, qui ne peuvent ensuite s’empêcher de bifurquer. Le cheminement n’est jamais prévisible, Op3 s’emploie à en brouiller les pistes.
Mnemosyne, ombrageux, lumineux aussi, s’envole et monte en intensité.‘Aroma, de la même manière, marie coins d’ombre, donc, et clarté du jeu. Op3 n’est jamais inerte; au contraire, il aime à prendre vie, à s’extirper avec brusquerie de plans d’abord fins. Horόs, en avant-dernière position, séduira par ses saccades jazz cadencées. Enjoué, il fait montre de motifs, de piano notamment, à couper le souffle. Les membres du groupe jouent bien, mais aucun ne cherche à tirer la couverture à lui. Chacun est au service de l’ensemble. Epilogos, en soufflant un climat froid, finira lui aussi en brillant.
Cela va sans dire, Omega Project 3 parvient à ses fins, imposant sa coloration musicale et une série d’ambiances singulières, au relief certain. J’aurais tout juste, pour ma part, inclus un chant plus fréquent dans ce SmyrnAe, qui n’en reste pas moins une oeuvre remarquable à l’opposé de toute forme de « déjà entendu ».