Fire Records (m’) est précieux. Outre le fait d’abriter bon nombre de groupes indé vertueux, il réédite avec à propos. A ce sujet, la ressortie du Soft Bomb de The Chills, couplée à celle du debut album Submarine bells, vaut le détour et on y fera plus d’un tour. Sorti à l’origine en 1992, en pleines 90’s donc, l’opus est à classer dans les pièces majeures de l’époque de son essor. Le groupe de Dunedin (NZ) y sert dix-sept perlettes qui naviguent entre patine folk, flamboyance mélodique à la REM, incrustes orchestrales (So long) aux cordes bien belles, et rudesse à la manière de Wire (Background affair). The male monster from the id, en ouverture, scintille de partout. Pop, brillamment mélodieux, il laisse ensuite place à des chansons qui ne plairont pas moins. Ocean ocean, dans une même étoffe pop impétueuse et élégante, se place entre joliesse et à coups appuyés. Le titre éponyme lui succède…avec succès. En se faisant propret mais, aussi, un peu « dirty », The Chills signe un manifeste. Notons, d’ailleurs, que le groupe oeuvre encore. Un très bon Snow Bound, en ce sens, a vu le jour en septembre 2018.
There is no arm in trying, trop court, développe un thème cuivré, poppy, qui s’arrête trop vite. Il est pourtant bon et Strange case, qui me fait à nouveau songer à Wire, dans son non-choix entre force et polissage, vaut autant d’attention. Soft bomb II, lo-fi, pop, donne des regrets: à l’instar de There is no arm in trying, il se termine quand on aimerait qu’il se prolonge. Il est, malgré ça, estimable. So long, assez…long pour s’incruster dans les cranes, pose une autre balise décisive. Sa pop folky, légère, nous fait prendre l’air.
On salue d’ores et déjà l’idée judicieuse du label. Song for Randy Newman etc insiste sur cette beauté pop aux notes cette fois ténues. Sleeping giants, ensuite, jute une pop-rock de choix, vive. On n’exclura rien de ce Soft Bomb plutôt bien nommé. Double summer, en décorant sa pop à la Flying Nun, le valorise d’autant plus. Il laisse The Chills perché dans les hauteurs d’un genre auquel il fait largement honneur. Sanctuary, saccadé, finaud et légèrement psyché, pose des envolées de claviers, des motifs jazzy, magnifiques. Halo fading étincèle pareillement. On n’est plus dans l’allant entraînant, mais on continue à persuader. There is no point in trying débute sous les meilleurs auspices, puis stoppe. Bien trop tôt. S’il ébauche certaines plages sans les mener véritablement à terme, The Chills offre à son auditoire un disque parfait. Ses relents orchestraux (Water wolves) le créditent, tout en déviant vers des recoins inquiétants, un brin sombres.
Enfin, Soft bomb III développe, à son tour, une trame énergique, attrayante, à la fin vite arrivée. Ca importe peu ou prou, Soft Bomb est à posséder et sa ressortie mérite tous les égards. A l’issue, on se penchera aussi sur Submarine Bells, « reissued » par la même occasion, d’une teneur tout aussi probante.