Bordelais, Fandor bricole sa pop et la fige sur support depuis avril 2008 (L’Enfance de l’art), sortant sans se presser mais aussi sans planter des disques au spectre large. Sa pop rutile est n’est jamais futile, ce Chewing-gum la décline sur seize plages affirmées. On les trouvera entraînantes (Lula et ses beaux motifs de synthés), Dahoesques jusqu’à réjouir « grave » (Je ne comprends pas pourquoi). Le début de la rondelle, où notre bonhomme est aidé par Cecil : basse, Philippe : claviers, design pochette et Thomas : percussions, alors que les guets suivants assurent un parfait complément (Emma : choeurs, photo Fandor, Stella : voix et choeurs, Hiin : voix sur Nos amitiés), aura dans un premier temps dévoilé une pop -c’est le maître-mot- fulgurante dans sa beauté, porteuse de traces rock fuzzy. Tout au long de l’écoute, on pensera à Weezer, aux Pixies, à Aline, à…Fandor surtout et avant tout car ce dernier, doué, esquisse ses propres figurines sonores. Le jubilatoire Stella made in Japan, d’une pop vive qui chatouille le shoegaze, puis à sa suite ce Birds in my bed électro-pop/lo-fi excellentissime, le montre largement à son affaire. Il nous sert là un disque poppy joyeux, enjoué, mais également rugueux. Ses tons 90’s déclenchent, par vagues nourries, du plaisir.
Décoré de plus avec goût, l’album fait sensation, même, dans ses chansons les plus « folky » (Une mer infinie, acidulé avec retenue). Fandor a joué avec Kim et c’est loin d’être un crime (notez la rime..), avec plein d’autres aussi. Il fait partie de Supernormal, combo powerpop méritant. Les montagnes russes, dans une folk-pop sautillante, elle aussi hérissée, se met en évidence en groovant sans relâche. Nos amitiés, sur lequel officie donc Hiin, s’impose par son mid-tempo gracile aux jolies guitares. Fandor passe l’épreuve en élève talentueux.
Sous tes rides, qui dépayse sans déstabiliser, raconte une belle histoire. Chewing-gum vaut autant par ses textes que par ses sons. Il démontre, à l’instar de bon nombre d’opus distingués ici, que nous Français détenons la qualité. En nombre, un peu partout. Fandor la perpétue, Jusqu’à demain l’illustre en dérapant tout en restant beau. Régulièrement, des effluves 90’s enivrent celui qui se sera penché, belle idée, sur Chewing-gum. Dans ses atours « retombés » (La ville engloutie), celui-ci continue à plaire. Une ombre sur notre vie, pop’n’roll fulgurante, déboîte et demeure, comme d’autres, belle. Sur son tableau pop, Fandor laisse, un peu, couler le pinceau. Ca crée de beaux décors, ça donne du cachet à ce Chewing-gum à la fraise et au menthol. On va bouffer l’paquet entier, c’est une certitude. Ce même soir et son clair ombrage, ou Ne vois-tu pas venir, doucereux, charment. On apprécie toutefois, lorsque débarque Les rivages de nos sentiments, de retrouver un tempo élevé. Fandor fait du propre, qu’il salit comme le laisse présager le t-shirt The Jesus and Mary Chain avec lequel, parfois, il se balade.
Bordeaux peut faire le beau, il abrite des artistes qu’on ne se lasse pas d’écouter. Fandor est de toute évidence dans la bonne charrette, La villa lui permet de finir joliment. Sur un air pop presque psyché, au mot encore une fois expressif, il achève un disque fort, tout de même, d’un nombre conséquent de titres sans défauts. Ca vaut la peine d’être relevé, il serait d’ailleurs bon et juste que les ébauches solo de l’Aquitain soient reconnues à leur juste et grande valeur.