Groupe de Chicago, French Police -quel patronyme!- charme d’emblée en installant, sur son excellent Haunted Castle, une cold-pop façon Motorama. Vive et froide, dotée d’un semblant de lumineux dans ses notes, celle-ci fait l’attrait, depuis ses débuts qui ne remontent qu’à janvier 2019 et un premier jet éponyme, du quintette américain. En la noche, sur des vocaux veloutés/ombragés, suivant un minimalisme similaire à celui du clan de Rostov sur le Don, touche sans plus attendre. Persi fait de même, il en sera ainsi sur l’intégralité de l’album et si on pourrait reprocher à la formation de l’Illinois une certaine linéarité, on se rend compte que celle-ci impose le registre des comparses, rodés dans l’exercice. Parfois le tempo baisse légèrement (Illinois), mais le climat demeure. Neptune, basse ronde en avant, ne laisse entrevoir aucune faille dans le répertoire bien joué de French Police, très immédiat. Mission se saccade, fait montre d’une subtilité dans ses accords qui perdure tout au long de l’opus.
Dans son terrain de gris, French Police est à son affaire. Il y sème, ça et là, une lumière sans éclat. Si éclat il y a, il tient avant tout dans la valeur des compositions. Alertes et sans « gras », ces dernières, telle Side track, revêtent de façon brève des sons 80’s. I’m upset, à sa suite, libère des basses façon The Cure. Entre abords cold délibérés et prétentions plus pop, French Police trouve un équilibre, une identité qui certes renvoie à qui vous savez, c’est audible, mais produit un effet suffisamment conséquent pour qu’on poursuive l’écoute.
La voix, en se faisant douce (Intimidate), accentue l’attraction. Fort d’une accroche par le climat dégagé, French Police nous retient dans sa danse cold (Dance with me), nous fait penser, aussi, à un Joy Division un tantinet moins glacé qu’à l’habitude. Quelques synthés également mesurés s’invitent (Vergüenza). On se prend au jeu, la fratrie Flores et consorts se montrant convaincants de bout en bout. Ils finissent d’ailleurs sans changer de recette, enfonçant un peu plus encore dans les esprits leur faibles lueurs de jour. Artificial, loin de l’être, terminant en se retenant, finaud, l’essai en cours. Au bout du compte, on tient un disque dont l’écoute ne révélera aucun faux-pas, présentant au contraire quinze plages persuasives.
Si sa personnalité, on ne peut le nier, reste à parfaire, French Police, sans agresser, fait ici le plus grand bien à nos écoutilles. Son Haunted Castle se visite sans frayeur, on tend même à s’y attarder tant les sons qu’il renvoie s’avèrent attrayants. Bonne pioche de plus, donc, à mettre à l’actif du label Icy Cold Records.