A l’heure où Minuit Machine, le duo darwave constitué d’ Hélène de Thoury (Composer / Synth Player) et Amandine Stioui (Vocal line / Lyrics) annonce un nouvel EP pour octobre de cette année, il n’est pas superflu de revenir sur sa dernière sortie en date: ce Infrarouge, donc, rougeoyant, obscur et synthétique, à la marque vocale certaine et aux reflets attrayants. Décrit comme de la « disrupted wave », l’album débute dans un Chaos inaugural bien nuptial, qui enclenche sans traîner la surmultipliée. Voix brumeuse, sons de machines à la simplicité désarmante et douces fulgurances font, déjà, qu’on se montre disposé à adhérer. DRGS, dans la foulée, monte dans le ciel et conjugue le céleste, donc, et le plus enlevé. Infrarouge donne le sentiment d’une rêverie pas tranquille, impulsée par ces deux dames à l’inspiration continuelle. Prey/hunter, songeur, confirmera mes dires. Sur sa seconde moitié, il vire de bord, s’emballe. Minuit Machine ne reste pas bien longtemps dans l’hypnotisme, c’est pourtant l’un des socles de son opus.
Avec Empty shell, les synthés jettent du froid. Il est bon, ici, de s’imprégner des atmosphères de la paire. Ballet, en ondulant, se déploie sans empressement. Minuit Machine prend ses aises, son temps pour, conséquemment, imposer sa touche et ses ambiances. Déjà exercé -le groupe fut fondé en 2013, s’ensuivirent plusieurs sorties-, le projet n’a pas pour vocation d’inventer mais dans son genre, il performe.
De fait 98″, qui amorce le second volet d’Infrarouge, se pose en coup de coeur électro-pop/cold. Reste, de façon persistante, une impression de rêve animé, de « célestitude » bien plantée, affublée d’élans emportés. On s’y sent bien, dans ces cieux dérangés pourtant avenants, qui parfois se bleuissent. Fear of missing out et ses bruits malins concourent à en perturber la sérénité. Sacrifice, porteur d’une féminité sucrée/ombragée, plutôt léger, oriente le gouvernail vers des airs perchés, sans aucune surcharge. Minuit Machine n’en fait jamais trop; ses ornements sont retenus, mesurés, cohérents. Là où certains « chargent la mule », les demoiselles dosent adroitement. I am a boy (remastered), saccadé, vaporeux, entrevoit la dernière ligne droite. Jusqu’alors, Infrarouge à rayonné, dans un atour « de nuit », jusqu’à complètement asseoir la démarche d’Hélène et Amandine.
Leur dernier envol, Forgive me for my sins, reste fidèle aux attitudes lascives déployées ça et là. Après Violent rains (octobre 2015), Minuit Machine poursuit sa route avec sûreté. Depuis son Blue moon inaugural, datant de la fin 2013, il a visiblement implanté son style, validé par la succession de ses parutions de qualité.