Je disais récemment dans un article sur es excellents Cloud Factory, signés chez Howlin’ Banana, qu’à Toulouse, sur le plan musical, c’était pas la lose. Preuve en est, une fois de plus, ce Girls can fly du duo Katcross. Actifs depuis, tout de même, le début des 00’s, Kat: Vox/ Synth/key programming et Mat: Guitar/ modular synth/sampling fabriquent en effet des bombes électro-rock où perce occasionnellement le trip-hop. Potes avec Tricky, d’ailleurs (ce dernier a inclus Symphony for Irony de Katcross dans l’une de ses compilations pour la série Back to mine), les sudistes démarrent fort au son de All I had is forever gone. Rock et bardé de gimmicks « syntétik », rugueux mais aussi peaufiné, le titre et son rythme sec apportent un crédit certain à Katcross. L’éponyme Girls can Fly prend le relais sur un ton également rude, adouci par le chant de Kat. Un peu garage, électro jusqu’à faire gigoter, le répertoire agit efficacement sur l’auditoire. Les riffs crus de Jailhouse light, ses envolées de claviers, ses encarts nébuleux, contribuent tout autant à asseoir l’ouvrage de la paire.
Celle-ci prend des airs plus intimes lorsque débute Sargels. Mais sur son second volet, la chanson décolle. L’effet est de taille, la montée se fait dans la douceur mais de manière assurée. Plus spatial, pour le coup, Katcross étend son panel. On le sent apte à se faire valoir quel que soit l’option choisie.
Avec Like thieves stolen, ses spirales inspirées, on n’est pas très loin d’un Tricky, justement. Puis le turbo rock, électro en nappage évidemment, se met en branle. Entraînante, la composition fait ses preuves. Sans tournebouler le créneau dont il est issu, Katcross signe des sorties qualitatives de A à Z. Des penchants mélodiques y siègent, l’équilibre entre organique et synthétique ne verse pas dans le bancal. Girls can fly, comme le démontre Vo2max (alt. version), grinçant et éraillé, est un opus fréquentable sans pour autant être poli ou par trop complaisant. Under arrest, enjoué mais assombri, fort de ces mêmes sons bien conçus, de chapes froides qu’on approuvera, vient clore les festivités avec aplomb. On en ressort comblé, séduit par la cohérence de morceaux sans failles béantes.
Katcross, cela va sans dire, peut s’inviter à la cohorte des groupes français fiables. De par sa longévité, émaillée de parutions probantes, il a acquis la légitimité qui le lui permet. Une écoute à ses oeuvres antérieures, dont Bridge the distance (2014), effacera les doutes dès ses premières notes. Bonne trouvaille donc pour les non-initiés -j’en étais-, en provenance d’une ville référence, avec d’autres comme Rennes ou encore Strasbourg, s’agissant de formations méritantes à suivre à l’accord. Notons pour finir que le duo a été choisi par les Sparks, ni plus ni moins, pour ouvrir la date inaugurale de leur tournée française 2018.